À la veille du 219ᵉ anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le gouvernement haïtien annonce une série d’actions pour rendre hommage à l’Empereur et Père fondateur de la nation. Le geste symbolique intervient dans un contexte national marqué par la crise, la défiance et un besoin urgent de repères historiques.
Le mardi 14 octobre 2025, à Port-au-Prince, des équipes gouvernementales ont été dépêchées pour nettoyer et embellir le monument de Jean-Jacques Dessalines, situé sur la place éponyme.
Cette initiative, pilotée par la Primature, s’inscrit dans le cadre des préparatifs pour la commémoration du 17 octobre, date de l’assassinat du fondateur de la nation haïtienne à Pont-Rouge.
Selon le gouvernement, cette démarche vise à honorer la mémoire de celui qui incarne la liberté et la dignité du peuple haïtien. Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a appelé la population à s’inspirer du courage et du sens du devoir de Dessalines, invitant chaque citoyen à “marcher sur le chemin de l’unité et de la souveraineté nationale”.
Plus de deux siècles après sa mort, Jean-Jacques Dessalines reste une figure centrale de la conscience collective haïtienne.
Chef militaire redoutable, stratège politique visionnaire, il a conduit une armée d’anciens esclaves à la victoire contre l’empire colonial français, donnant naissance à la première République noire indépendante du monde en 1804.
Pour de nombreux observateurs, la mémoire de Dessalines dépasse la simple commémoration. Elle interroge notre rapport au pouvoir, à la justice et à la solidarité nationale.
À l’heure où le pays affronte des défis sécuritaires et sociaux majeurs, le message de Dessalines résonne comme un appel à la responsabilité collective.
Entre hommage officiel et quête de sens national
Chaque 17 octobre, les cérémonies officielles se succèdent : dépôts de gerbes, discours patriotiques, déclarations politiques.
Mais pour beaucoup de citoyens, le véritable hommage à Dessalines ne se mesure pas à la solennité des mots, mais à la cohérence des actes.
L’Empereur, qui prônait justice, discipline et équité, demeure un miroir dans lequel le pouvoir haïtien, comme le peuple, est invité à se regarder.
“Rendre hommage à Dessalines, c’est défendre son héritage : un État juste, fort et souverain”, souligne un historien interrogé par Vant Bèf Info. “Or, chaque crise que traverse Haïti témoigne de notre éloignement de ce modèle.”
Une mémoire à réinvestir
Si le nettoyage du monument revêt une portée symbolique, il rappelle aussi la nécessité d’entretenir la mémoire nationale au-delà des commémorations.
Dans les rues de Port-au-Prince, les citoyens se préparent à célébrer à leur manière cette date historique, entre recueillement et revendication de dignité.
Haïti se souvient, oui. Mais l’enjeu dépasse le souvenir : il s’agit de reconstruire un lien entre l’idéal de Dessalines et la réalité du pays.
RLnews ( RL)
