À Pétion-Ville, un centre commercial noyé sous les ordures : l’indifférence municipale dénoncée

À Pétion-Ville, un centre commercial pourtant fréquenté est aujourd’hui enseveli sous une tonne d’immondices. Non loin de la résidence du célèbre musicien Albert Chancy, les marchands, désabusés, pointent du doigt la mairie pour son inertie. Malgré des paiements réguliers, aucun ramassage n’a lieu. Entre insectes, puanteur et risques sanitaires, ils lancent un cri d’alarme.
Pétion-Ville, le 28 juillet 2025._À quelques mètres de la maison d’Albert Chancy, figure éminente de la musique haïtienne, un spectacle de désolation s’impose aux visiteurs du centre commercial voisin. Des monceaux de détritus, entassés depuis plusieurs semaines, envahissent les allées, transformant le lieu en un dépotoir à ciel ouvert. Pourtant, c’est ici que des dizaines de marchands tentent de survivre au quotidien.
« Nous payons chaque semaine la mairie, mais regardez l’état dans lequel nous vivons ! » s’indigne une vendeuse de fruits, assise non loin d’un amas de déchets en putréfaction, où fourmillent des mouches, moustiques et rats. Pour ces commerçants, le constat est amer : leur environnement de travail est devenu un foyer de prolifération de maladies.
Les scènes sont choquantes. On y vend des denrées alimentaires au milieu de vers, d’odeurs pestilentielles et d’eaux stagnantes. Entre une bouchée et une transaction, les mouches virevoltent sur les étals. « On mange, on vend, on respire les ordures. C’est devenu normal à force, mais c’est dangereux », confesse un jeune vendeur de sandwichs. Dans ce climat d’indifférence, la santé publique est clairement en péril.
Médecins et hygiénistes s’accordent : cette promiscuité avec les déchets augmente les risques de choléra, de typhoïde, de conjonctivite, sans oublier les infections respiratoires. Mais à ce jour, aucune mesure concrète n’a été prise par les autorités locales.
Où est passée la mairie ?
La mairie de Pétion-Ville, régulièrement critiquée pour sa gestion de l’espace public, est une fois de plus dans le collimateur des citoyens. Les commerçants affirment s’acquitter de redevances hebdomadaires, censées couvrir entre autres le nettoyage des marchés et des zones commerciales. Pourtant, aucune équipe de ramassage ne s’est manifestée depuis des semaines.
Cette inaction municipale interroge : où vont les fonds collectés ? À quoi sert la perception si elle ne garantit même pas un service basique comme le ramassage des ordures ? Les habitants parlent de « gaspillage » et de « mépris », accusant la mairie de briller par son absence dans la gestion de la salubrité.
Pétion-Ville, commune huppée, ne devrait pas tolérer de telles dérives en son centre commercial. Encore moins à quelques pas d’une maison symbole du patrimoine culturel. Ce paradoxe entre prestige et insalubrité choque. Il révèle surtout un profond dysfonctionnement dans la gouvernance urbaine.
Les commerçants, eux, n’en peuvent plus. Entre résignation et colère, ils lancent un appel pressant à la mairie : nettoyer, désinfecter, sécuriser. Faute de quoi, une catastrophe sanitaire pourrait éclater. Car dans cette promiscuité entre ordures et activités humaines, c’est toute une population qui est exposée à l’insoutenable.
Woodlyne Michel
RLnews ( RL)