Bois Kay Imam : 234 ans après, hommage au trio fondateur de la Révolution de 1791

Le 14 août 1791, la Cérémonie du Bois Kay Imam marquait l’allumage de l’étincelle révolutionnaire en Haïti. Ce congrès spirituel, dirigé par Dutty Boukman, Cécile Fatiman et Jean Baptiste Vixama, a lancé le mouvement qui mènera à la chute du système esclavagiste. En ce 234e anniversaire, le Mouvement Point Final rend hommage à ces figures emblématiques de la liberté.

Pour le Mouvement Point Final, la Révolution haïtienne ne commence pas en 1804, mais bien en août 1791. La proclamation d’indépendance, treize ans plus tard, représente plutôt l’aboutissement d’un processus amorcé au Bois Kay Imam, véritable point de départ d’un nouvel ordre mondial.

Jean Baptiste Vixama : le sacrifice ultime

Ancien esclave et commandeur sur l’habitation caféière de Prince Corse Fatiman, Jean Baptiste Vixama aurait offert sa vie en sacrifice durant la cérémonie, afin d’invoquer les esprits protecteurs venus d’Afrique.
Certains récits parlent d’un cochon sacrifié, mais pour le Mouvement Point Final, cette version découle de la vision déshumanisante des colons, assimilant les esclaves à des animaux.
Vixama est vu comme un martyr de la cause noire, au même titre que d’autres figures religieuses l’ont été pour l’humanité.

Cécile Fatiman : la prêtresse au destin royal

Fille du propriétaire Prince Corse Fatiman, Cécile Fatiman — surnommée Manbo Timane — est également demi-sœur de la reine Marie-Louise Coidavid, épouse du roi Henri Christophe.
Après l’indépendance, elle épousera le président Louis Pierrot. Figure féminine majeure de la Révolution de 1791, elle incarne le courage et la dimension spirituelle du soulèvement.

Dutty Boukman : le stratège mystique

Originaire de la Jamaïque britannique, Dutty Boukman se distingue par son érudition, sa maîtrise de l’anglais et son charisme. Ami de Toussaint Louverture, il aurait reçu son soutien pour organiser le congrès du Bois Kay Imam.
Chef spirituel respecté, il galvanisa les insurgés avec un discours enflammé. Capturé et décapité le 22 août 1791, sa tête fut exposée au Cap-Français avec l’inscription : « Tête de Boukman, chef des révoltés ».

Héritage et prière

La Cérémonie du Bois Kay Imam reste l’un des plus grands congrès spirituels de l’histoire.
Extrait de la prière prononcée ce soir-là :

« Le dieu qui créa la terre, le soleil, et détient les océans, voit nos souffrances. Le dieu des Blancs ordonne les crimes, mais notre dieu à nous veut le Bien. Il nous ordonne de nous venger de nos préjudices. »

234 ans après, le message du Bois Kay Imam résonne toujours : la liberté ne se quémande pas, elle se conquiert, portée par le courage, la foi et l’unité d’un peuple.

Dr Ulyssse Jean Chenet

RLnews ( RL)