Clarens Renois plaide pour une réforme structurelle en Haïti dans l’émission Pawòl Plus
Port-au-Prince, Haïti – Invité de l’émission Pawòl Plus sur la chaîne 38 Canal Bleu, animée par Stanley Jr. Mésalien, Clarens Renois, leader du parti UNIR, a livré une analyse approfondie de la crise multiforme qui frappe Haïti. Il appelle à des réformes structurelles et des changements profonds pour sortir le pays de l’impasse actuelle.
Une crise aux racines multiples
Selon Clarens Renois, la crise actuelle est le fruit d’une accumulation d’événements historiques et structurels. Il identifie quatre dimensions principales à cette situation : politique, sociale, économique et judiciaire. Concernant l’insécurité, il affirme qu’elle ne date pas d’hier. Il dénonce notamment des politiciens impliqués dans la distribution d’armes pour asseoir leur pouvoir et manipuler les couches les plus vulnérables de la société.
« Les motivations politiques et économiques, associées à des pratiques telles que la contrebande et divers trafics, ont conduit à l’hégémonie des gangs, désormais hors de contrôle de l’État », a-t-il déclaré. Pour Renois, remonter les filières des armes, dont l’origine est souvent américaine, est essentiel. Il questionne également les responsabilités des auteurs intellectuels de ces violences.
Une société en déclin
Renois dresse un constat sombre de la société haïtienne : « La société va en déclin. La musique grivoise domine les médias, tandis que les figures intellectuelles et les modèles positifs sont marginalisés. » Il insiste sur l’importance de l’élite haïtienne dans ce processus de déliquescence : « Un pays sans élite est un pays qui s’écroule. Quelle est la vocation de notre élite aujourd’hui ? »Pour lui, la solution passe par une remobilisation des forces sociales et une redéfinition de leur mission, notamment en rétablissant la famille comme socle social fondamental.
Des réformes nécessaires au Conseil Présidentiel de Transition (CPT)
Dans le cadre de la transition politique actuelle, Clarens Renois propose une restructuration du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Il recommande de réduire le nombre de conseillers à trois membres, arguant que la présence des observateurs n’apporte aucune valeur ajoutée. Il demande également la démission des trois conseillers accusés de corruption ainsi que du représentant du Collectif du 30 janvier, Edgard Leblanc Fils, rappelé par son secteur.
Selon lui, ces mesures permettraient de :
- alléger les lourdeurs administratives,
- réduire les charges financières de l’État,
- et restaurer l’image du CPT auprès de l’opinion publique.
Renois critique également le CPT pour son fonctionnement unilatéral : « Le CPT agit en dehors de l’Accord du 3 avril et exclut les parties prenantes des consultations essentielles. »
Un report des élections légitimes
Clarens Renois met en garde contre l’impossibilité de respecter les échéances électorales fixées par l’Accord du 3 avril, prévoyant des élus légitimes au 7 février 2025. Il estime que les conditions actuelles ne garantissent pas des élections transparentes et crédibles, dénonçant à l’avance leur caractère contesté.
« Tant que les trois conseillers présidentiels incriminés siègent au Conseil, il est vain d’espérer des élections acceptées par tous », a-t-il prévenu.
L’émission Pawòl Plus continue de s’imposer comme une tribune clé pour débattre des enjeux cruciaux d’Haïti, offrant aux leaders politiques l’opportunité de s’exprimer sur les défis actuels et les perspectives d’avenir du pays.
Rlnewshaiti