Les vagues de déportation s’intensifient. Des centaines d’Haïtiens reviennent chaque semaine des États-Unis, de la République Dominicaine, ou encore de la Turquie. Pourtant, l’Office National de la Migration (ONM), censé les accompagner, reste désespérément absent. Après neuf ans de gestion opaque, l’institution affiche un bilan alarmant.
Port-au-Prince, le 19 juillet 2025._Chaque jour, des avions et des bus ramènent en Haïti des migrants expulsés de l’étranger. Beaucoup ont tout perdu. Ils arrivent sans repères, sans ressources, et souvent sans soutien.
L’Office National de la Migration (ONM), qui devrait les accueillir et les aider à se réinsérer, reste introuvable. Aucune cellule d’accueil visible, aucune assistance psychosociale systématique, aucune transparence sur l’accompagnement financier promis.
Malgré une mission claire – réunification familiale, réinsertion sociale, transport, sensibilisation sur les dangers de la migration irrégulière – l’ONM ne répond pas aux attentes.
Depuis près d’une décennie, la direction actuelle de l’ONM est en poste. Mais les résultats sont loin d’être convaincants. Face à des défis migratoires croissants, l’institution fonctionne au ralenti.
Les migrants expulsés des États-Unis, de la République Dominicaine ou d’ailleurs témoignent d’un abandon total. Aucun plan de réintégration sérieux. Aucun suivi. Les familles restent livrées à elles-mêmes.
Plus récemment, l’ONM a annoncé la mise à disposition d’un milliard cinquante millions de gourdes pour relocaliser 10 000 familles déplacées par l’insécurité. L’institution parle aussi de chèques de 100 000 gourdes distribués à certains réfugiés occupant des établissements scolaires.
Mais où sont les rapports ? Qui contrôle la distribution ? Quels critères déterminent les bénéficiaires ?
Aucune communication claire. Aucune reddition de comptes. La gestion de ces fonds reste dans une opacité totale, renforçant le scepticisme de la population.
Un silence institutionnel inquiétant
Dans un contexte aussi critique, l’ONM ne communique quasiment jamais. Aucune conférence de presse. Aucune campagne d’information publique. Même les réseaux sociaux de l’institution sont rarement mis à jour.
Alors que les déportations atteignent des niveaux historiques, le silence de l’ONM devient assourdissant. Une institution censée porter la voix des plus vulnérables se contente d’exister sur le papier.
Après neuf longues années sans résultats tangibles, le constat est sans appel. L’ONM a échoué. L’urgence d’un changement de leadership se fait sentir. Il faut du sang neuf, une nouvelle approche, et surtout une volonté réelle de servir les migrants.
Haïti ne peut plus se permettre de gérer ses drames migratoires avec autant d’indifférence. Car derrière chaque retour forcé, il y a une vie, une famille, un avenir à reconstruire.
Pierre André Louis
RLnews ( RL)
