Édito — Haïti dans l’attente d’une véritable réponse sécuritaire

Édito — Haïti dans l’attente d’une véritable réponse sécuritaire
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Par Yves Manuel

Haïti s’apprête, une nouvelle fois, à vivre une transition sécuritaire imposée de l’extérieur. Selon un projet de résolution en discussion au Conseil de sécurité de l’ONU, la Force de Répression des Gangs (FRG), composée de plus de 5 000 hommes, devrait remplacer la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Cette nouvelle force disposerait, dit-on, d’un mandat plus élargi et d’une autonomie accrue par rapport à la Police nationale d’Haïti (PNH).

Mais pendant que les diplomates peaufinent les contours de cette force internationale, le pays s’enfonce chaque jour davantage dans l’horreur. Les massacres se succèdent : à Laboderie, dans la commune de l’Arcahaie, plus d’une quarantaine de personnes ont été froidement assassinées. À Liancourt, les bandits n’ont pas hésité à détruire le commissariat. Et aux Gonaïves, la mort de Wilford Ferdinand, alias Ti Will, met la ville sous tension, ses hommes menaçant de plonger la Cité de l’indépendance dans le chaos.

Face à ce tableau macabre, une question revient avec insistance : où est la PNH ? Où sont passés les fameux hommes d’Erik Prince censés épauler nos forces dans la lutte contre les gangs ? Que fait Vladimir Paraison, depuis plus d’un mois à la tête de l’institution, pour rassurer une population qui vit chaque jour dans la terreur ? Les opérations de police menées au centre-ville de Port-au-Prince, aussi nécessaires soient-elles, paraissent dérisoires face à l’expansion territoriale des criminels qui grignotent Kenscoff, Arcahaie, et au-delà.

Dans ce climat d’insécurité généralisée, la perspective des élections paraît illusoire. À cinq mois de l’échéance du Conseil présidentiel de transition (CPT), les conseillers semblent plus préoccupés par leurs luttes intestines pour le pouvoir que par la mise en œuvre de la feuille de route de la transition. Ils n’arrivent même pas à convoquer un Conseil des ministres pour prendre les décisions urgentes qui s’imposent. Résultat : le pays glisse doucement vers une nouvelle transition, avec son cortège de privilèges pour quelques-uns et d’abandons pour la majorité.

Il serait naïf de croire que la FRG, aussi puissante soit-elle, règlera à elle seule la crise haïtienne. Tant que les dirigeants continueront de se livrer à des querelles de pouvoir, tant que la PNH restera affaiblie et infiltrée, tant que la misère nourrira les gangs, Haïti restera un territoire livré aux prédateurs.

L’heure n’est plus aux promesses ni aux manœuvres politiciennes. Le peuple se meurt à petit feu. Sa survie dépend désormais de choix courageux, de réformes profondes et d’une volonté politique ferme de rompre avec les cycles d’échec et de compromission. Sinon, la FRG ne sera qu’un énième pansement sur une plaie béante.

RLnews ( RL)

rlnewshaiti

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