Par Yves MANUEL
Au Conseil de sécurité, Haïti a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme. Violences, malnutrition, déplacés par centaines de milliers : le tableau dressé par Fritzner Gaspard est glaçant. Mais derrière ce plaidoyer, une vérité dérangeante se cache : la communauté internationale reste sourde, incapable de répondre à l’ampleur de la catastrophe.
À New York, le représentant d’Haïti a parlé avec gravité. Il a dénoncé l’usage du viol comme arme de terreur par les gangs, la malnutrition qui progresse et un système de santé à bout de souffle. Des faits connus, documentés, répétés depuis des mois. Pourtant, rien ne change.
Haïti mobilise, avec des moyens dérisoires, pour soutenir 200 000 familles. Mais ce chiffre paraît bien maigre face à des millions de personnes en détresse. La solidarité internationale, elle, se résume à des promesses creuses. Sur 908 millions de dollars nécessaires, seulement 70 millions ont été versés. Une aumône face à l’ampleur du désastre.
L’hypocrisie internationale
La vérité est crue : Haïti n’est plus une priorité. Les grandes puissances, promptes à condamner ou à dicter des réformes politiques, détournent le regard lorsqu’il s’agit d’argent ou de moyens logistiques. On applaudit les discours, on s’indigne devant les crimes des gangs, mais on rechigne à financer le minimum vital.
Le représentant a demandé un soutien logistique sécurisé, un appui à l’agriculture et aux PME. En clair, une aide qui redonne aux Haïtiens leur dignité. Mais là encore, les partenaires tardent à agir. La dépendance humanitaire est entretenue, presque institutionnalisée, comme si une Haïti affaiblie servait mieux certains intérêts que son redressement.
L’urgence sécuritaire occultée
Au-delà de l’aide humanitaire, c’est la sécurité qui demeure l’angle mort. Le Conseil de sécurité tergiverse sur la proposition du Secrétaire général. Chaque mois perdu renforce les gangs, qui étendent leur emprise sur la capitale et bien au-delà. L’État est absent, les habitants abandonnés, les exodes internes se multiplient.
La question est simple : combien de temps encore la communauté internationale va-t-elle repousser l’inévitable ? Faudra-t-il attendre un bain de sang de plus grande ampleur pour agir ?
Les propos de Fritzner Gaspard ne doivent pas se perdre dans l’écho stérile des salles de l’ONU. Ils doivent réveiller une conscience collective. L’indifférence internationale tue autant que les balles des gangs.
Haïti ne réclame pas la charité, mais la solidarité, la justice et le droit de respirer. Ignorer cet appel, c’est condamner un peuple entier à l’asphyxie.
RLnews ( RL)
