Éditorial | Le choix de la Défense : un test crucial pour la crédibilité du gouvernement

Éditorial | Le choix de la Défense : un test crucial pour la crédibilité du gouvernement
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À l’heure où Haïti s’apprête à entrer dans une nouvelle phase politique avec l’annonce imminente d’un remaniement ministériel, un vent d’inquiétude parcourt la population. Et pour cause : deux noms controversés circulent avec insistance pour prendre la tête du ministère de la Défense. Emmanuel Paul et Patrick Norzeus, tous deux lestés d’un lourd passé, se retrouvent au cœur des spéculations. Leur possible nomination soulève une question fondamentale : quelle vision le Conseil présidentiel de transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé portent-ils réellement pour la gouvernance du pays ?

Emmanuel Paul, ancien directeur de cabinet de l’actuel ministre de la Défense, n’a pas quitté ses fonctions en odeur de sainteté. Des soupçons de corruption avaient conduit à son éviction. Aujourd’hui, le voir ressurgir dans la même institution, en prétendant cette fois à la plus haute fonction, témoigne d’un manque de considération pour la mémoire collective. Ce retour en grâce, s’il devait se concrétiser, ressemblerait à une gifle infligée aux citoyens qui espéraient un sursaut éthique.

Quant à Patrick Norzeus, son nom reste associé à un passé municipal marqué par le népotisme, la gestion opaque et des scandales qui ont terni l’image de la mairie de Delmas. Peut-on raisonnablement confier un ministère aussi stratégique à un homme dont l’expérience est synonyme de favoritisme et de dévastation institutionnelle ?

Le ministère de la Défense n’est pas un terrain d’expérimentation

Il ne s’agit pas seulement d’un poste politique. Le ministère de la Défense est au cœur des questions de sécurité nationale, dans un pays miné par la violence des gangs, l’insécurité et la fragilité institutionnelle. Y placer des responsables dont la probité est contestée reviendrait à sacrifier l’intérêt général sur l’autel des arrangements politiques. Ce choix pourrait compromettre la crédibilité du gouvernement, déjà fragile aux yeux de la population.

Un signal désastreux pour la lutte contre l’impunité

Le CPT et le Premier ministre doivent comprendre que les nominations ne sont jamais de simples formalités. Elles traduisent une orientation, un message envoyé au peuple. Or, si la Défense devait être confiée à des figures au passé douteux, le signal envoyé serait clair : la continuité de l’impunité et la banalisation de la corruption. Ce serait un recul inacceptable pour un pays qui aspire à reconstruire ses institutions sur des bases solides.

La responsabilité du CPT et du Premier ministre

Haïti ne peut plus se permettre des erreurs de casting. Le peuple, déjà meurtri, réclame des dirigeants qui incarnent l’intégrité et le changement, pas des figures recyclées dont les parcours sont marqués par des zones d’ombre. Le CPT et le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé portent la responsabilité historique d’éviter un tel naufrage. Leur choix à la tête du ministère de la Défense sera scruté comme un test de leur engagement à rompre avec les pratiques du passé.

Si ce remaniement doit avoir un sens, il doit être celui de la rupture avec les compromis douteux et du courage politique. La Défense ne doit pas devenir le refuge des ambitions personnelles ni le symbole d’une gouvernance qui tourne en rond.

RLnews ( RL)

rlnewshaiti

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