L’éditorialiste dominicain Orlando Gómez, dans El Nacional, alerte sur les graves implications pour la République dominicaine de l’accord entre Haïti et Erik Prince, ex-patron de Blackwater, concernant le contrôle partiel des recettes douanières.
Dans un éditorial publié le 20 août 2025, Orlando Gómez, journaliste dominicain de El Nacional, exprime de vives inquiétudes quant à l’accord annoncé entre Haïti et Erik Prince, fondateur de Blackwater. Selon lui, cette décision met en péril non seulement la stabilité d’Haïti, mais aussi les intérêts stratégiques et commerciaux de la République dominicaine.
La semaine dernière, Erik Prince a révélé avoir signé un accord avec le gouvernement haïtien lui garantissant le contrôle partiel des recettes douanières issues du commerce transfrontalier avec la République dominicaine. En échange, il s’engage à fournir un appui militaire et technologique pour neutraliser les gangs armés qui paralysent Haïti.
Même si l’information n’a pas été confirmée officiellement par Port-au-Prince, plusieurs indices accréditent cette version. Des mercenaires internationaux opèrent déjà en Haïti depuis mars 2025, et Prince a un historique d’accords similaires en Afrique, notamment en République démocratique du Congo.
Les craintes dominicaines
Pour Orlando Gómez, ce scénario place la République dominicaine dans une situation de grande vulnérabilité :
Un risque commercial majeur. Si une société privée de sécurité contrôle les douanes haïtiennes, négocier des accords bilatéraux deviendrait impossible. Les producteurs dominicains seraient dépendants d’intérêts étrangers dont la logique est purement mercenaire.
Un danger pour la stabilité régionale. Miser sur des mercenaires pour restaurer l’ordre en Haïti revient à confier l’avenir institutionnel du pays à des acteurs dont les motivations sont financières, non politiques ni institutionnelles.
Une dépendance budgétaire risquée. Le financement des mercenaires à partir des recettes douanières garantit leur présence dans le budget haïtien, au détriment de la Police nationale d’Haïti déjà sous-financée.
L’ombre des puissances étrangères
Gómez souligne également le réseau d’influence de Prince aux États-Unis, où il entretient des liens étroits avec des cercles politiques favorables à une diplomatie d’exploitation des ressources des pays fragiles. Dans ce contexte, Haïti pourrait devenir un terrain d’expérimentation où la logique de profit l’emporte sur la reconstruction institutionnelle.
« Nous, Dominicains, savons très bien comment se termine l’histoire de la cession des recettes douanières à des entités étrangères », écrit Gómez. Pour lui, cette décision ouvre une « longue, très longue histoire » de dépendance et de fragilisation, dont la République dominicaine risque d’être la victime collatérale.
RLNEWS ( RL)
