Haïti, 15 ans après le séisme : un sombre bilan entre promesses et réalités

Le 12 janvier 2010, à 16 h 45, Haïti a été frappée par un séisme dévastateur d’une magnitude de 7,3 sur l’échelle de Richter. Cette catastrophe a coûté la vie à environ 300 000 personnes et laissé des millions de sans-abri. Quinze ans plus tard, la situation du pays reste critique.
Si les décombres et les camps de fortune qui jonchaient Port-au-Prince ont disparu, ils ont laissé place à des quartiers informels. Ces zones, souvent sans électricité, ni système d’assainissement, ni sécurité, sont devenues des colonies permanentes. L’exode rural, loin de ralentir, a accentué cette urbanisation précaire. Parallèlement, la violence des gangs a explosé. Certains groupes armés contrôlent désormais des pans entiers de la capitale.
Des milliards de dollars d’aide, mais peu de résultats
Après le tremblement de terre de 2010, la communauté internationale s’est mobilisée. Près de 9 milliards de dollars ont été collectés pour la reconstruction. Pourtant, ces fonds n’ont pas eu les effets escomptés. Les résultats sur le terrain sont restés limités.
De nombreuses organisations humanitaires ont préféré développer leurs projets indépendamment de l’État haïtien, jugé peu fiable.
Selon l’Observatoire des politiques publiques et de la coopération internationale d’Haïti, 95 % de l’aide américaine est restée dans les mains des ONG et n’a jamais été transférée au gouvernement haïtien. François Kawas, responsable de la coopération haïtienne, déplore que cette assistance ait davantage servi les intérêts des bailleurs de fonds que les besoins des populations locales.
Un second séisme, mêmes erreurs
Le 14 août 2021, Haïti a été de nouveau secouée par un tremblement de terre de magnitude 7,2, cette fois dans les régions du sud. Ce drame a causé 2 248 décès, laissé 329 personnes portées disparues et blessé plus de 12 000 individus. Au moins 136 800 bâtiments ont été détruits ou gravement endommagés.
Malgré cette nouvelle tragédie, les réponses apportées n’ont guère montré de progrès. « On aurait pu espérer des leçons tirées de 2010, mais très peu a été accompli », constatent les experts.
La double tragédie de 2010 et 2021 illustre les échecs répétés de la gestion de l’aide internationale et de la gouvernance locale. Haïti continue de faire face à une crise humanitaire majeure, entre pauvreté extrême, violence endémique et absence de structures étatiques solides. À l’approche du 15e anniversaire du séisme de 2010, le pays attend toujours des solutions pérennes pour sortir de cette spirale de souffrances.
RLnews