Haïti / 18 mai : Plus de 300 millions pour célébrer, zéro action pour sécuriser

Malgré un budget de plus de 300 millions de gourdes pour célébrer la fête du drapeau, l’État haïtien reste impuissant face à l’insécurité galopante. Arcahaie, berceau historique du bicolore, demeure inaccessible.
Alors que le gouvernement annonce des célébrations nationales grandioses autour du thème « Yon sèl drapo, yon sèl pèp, yon sèl nasyon », la réalité du terrain raconte une toute autre histoire. Arcahaie, haut lieu symbolique de la création du drapeau haïtien en 1803, est aujourd’hui livrée à la loi des gangs et reste hors de portée des autorités.
Quand l’État abandonne ses symboles
Le choix d’ignorer Arcahaie dans les festivités est lourd de sens. En évitant ce lieu mythique, le gouvernement envoie un message clair : il préfère fuir les zones sensibles plutôt que d’y restaurer l’ordre républicain. Pire encore, il semble entériner la partition de fait du territoire national, au profit de groupes armés.
« C’est un appel à l’unité », affirme pourtant la ministre en charge, tentant de masquer l’échec sécuritaire derrière un discours symbolique.
Mais de quelle unité parle-t-on, quand une partie du pays ne peut même pas honorer son propre drapeau en paix ? Quand les citoyens vivent sous la terreur et que les institutions sont absentes ? Le contraste entre les millions dépensés en festivités et l’abandon manifeste de la population est choquant.
300 millions pour célébrer, zéro action pour sécuriser
Dépenser plus de 300 millions de gourdes pour des festivités éclatées dans les dix départements pendant que les routes nationales sont bloquées, que les écoles ferment à cause des fusillades, que les déplacés internes s’entassent dans la misère : c’est cracher sur la souffrance du peuple.
Ce n’est pas en multipliant les podiums, les discours ou les feux d’artifice que l’État rétablira sa légitimité. C’est en reprenant le contrôle de son territoire, en garantissant la sécurité à Arcahaie, à Carrefour, à Croix-des-Bouquets, à Martissant.
En célébrant le drapeau loin de sa source historique, l’État trahit la mémoire des fondateurs de la nation. Ceux qui, au péril de leur vie, ont voulu un pays libre, unifié, souverain. Aujourd’hui, cette souveraineté est mise en échec non pas par une puissance étrangère, mais par l’inertie, le calcul politique et la peur.
La fête du drapeau ne devrait pas être un événement de façade. Elle devrait être un engagement ferme à défendre les valeurs qu’il représente : liberté, égalité, justice, et autorité nationale.
RLnews ( RL)