Depuis la chute de la dictature des Duvalier en 1986, Haïti a traversé 39 ans d’instabilité politique. Entre gouvernements de transition et élections contestées, le pays peine à trouver la stabilité. Le Mouvement Point Final, excédé par cette spirale, lance un cri d’alarme : “Stop, c’est trop”.
Port-au-Prince, le 6 février 2025._
Depuis 1986, Haïti a connu 13 gouvernements de transition et seulement 5 présidents élus au suffrage universel. En dehors du scrutin du 16 décembre 1990, aucune élection n’a été jugée véritablement transparente. Instabilité, coups d’État et interventions étrangères ont rythmé la vie politique haïtienne, empêchant toute réelle démocratisation du pays.
1986-1990 : Six dirigeants en quatre ans
Après le départ de Jean-Claude Duvalier, Haïti bascule dans une période de turbulence :
Henry Namphy (1986-1988) à la tête du Conseil National de Gouvernement (CNG)
Leslie François Manigat (7 février – 20 juin 1988)
Henry Namphy (20 juin – 17 septembre 1988)
Prosper Avril (17 septembre 1988 – 10 mars 1990)
Hérard Abraham (10 mars – 13 mars 1990)
Ertha Pascal-Trouillot (13 mars 1990 – 7 février 1991)
1991-1994 : Une instabilité chronique
Le coup d’État du 30 septembre 1991 contre Jean-Bertrand Aristide ouvre une nouvelle période de confusion. En trois ans, six dirigeants se succèdent, dont Raoul Cédras, Joseph Nérette et Marc Bazin. Le 15 octobre 1994, Aristide est rétabli au pouvoir par l’intervention américaine.
Les années 2000 : Crises électorales et tensions sociales
L’élection controversée de Jean-Bertrand Aristide en 2000 plonge Haïti dans une nouvelle crise. L’insurrection de 2004 aboutit à son départ forcé et à la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par Gérard Latortue.
En 2006, René Garcia Préval est élu, mais son mandat est marqué par des tensions politiques et économiques. La crise alimentaire de 2008, les cyclones dévastateurs et le séisme du 12 janvier 2010 fragilisent davantage le pays.
Sous l’influence des États-Unis et de la famille Clinton, Michel Martelly arrive au pouvoir en 2011, dans des conditions contestées. Son mandat est entaché de corruption, népotisme et violence. L’absence d’élections sous son administration conduit à un nouveau gouvernement de transition avec Jocelerme Privert.
Jovenel Moïse et l’escalade de la violence
Élu en 2017, Jovenel Moïse fait face à des mouvements de protestation massifs, notamment avec le scandale PetroCaribe et les manifestations “Peyi Lòk”. Son pouvoir vacille jusqu’à son assassinat le 7 juillet 2021.
Après une semaine d’incertitude, Ariel Henry prend la tête du gouvernement. Son mandat de 32 mois est marqué par une montée en puissance des gangs armés, plongeant le pays dans une insécurité généralisée. Son récent blocage à l’étranger a conduit à la mise en place d’un Conseil présidentiel de transition.
Une crise qui semble sans fin
Après 39 ans d’instabilité, Haïti reste engluée dans un cycle de transitions et d’élections contestées. Depuis 1986, seuls Leslie Manigat, Jean-Bertrand Aristide, René Préval, Michel Martelly et Jovenel Moïse ont été élus au suffrage universel.
Alors que le pays continue de sombrer dans la violence et l’incertitude, la population haïtienne s’interroge : la démocratie promise en 1986 arrivera-t-elle un jour ?
Dr Jean chenet Ulysse
RLNEWS
