Haïti, 4 ans après l’assassinat de Jovenel Moïse : l’impasse totale

Haïti, 4 ans après l’assassinat de Jovenel Moïse : l’impasse totale
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Quatre ans se sont écoulés depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. L’enquête stagne, les institutions sont en ruine, et la population vit sous la coupe des gangs. Haïti n’a jamais été aussi vulnérable.

Port-au-Prince, le 6 juillet 2025.
Dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, un commando lourdement armé envahit la résidence présidentielle à Pèlerin 5. Les caméras sont désactivées. Les agents de sécurité n’agissent pas. Quelques minutes plus tard, Jovenel Moïse est exécuté. Martine Moïse, grièvement blessée, survit.

Le choc est mondial. Très vite, les suspects sont identifiés : anciens militaires colombiens, expatriés haïtiens, ex-agents de la DEA et du FBI. Aux États-Unis, plusieurs condamnations à vie sont prononcées. En Haïti ? Aucun procès, aucune justice.

Pendant que le dossier s’enlise, Haïti bascule dans l’anarchie. Aucun Parlement, aucune Cour constitutionnelle, aucun calendrier électoral. En l’absence de succession constitutionnelle, Ariel Henry – nommé quelques jours avant le drame – prend le pouvoir. Il gouvernera sans élection, par décret, pendant près de trois ans.

Les gangs profitent du vide. Le pays se transforme en zone de non-droit. Péages, kidnappings, assassinats. En 2025, plus de 4 000 personnes ont été tuées en six mois. Plus d’un million de déplacés internes. Les violences sexuelles, les exécutions sommaires et les lynchages deviennent monnaie courante.

Pour tenter de freiner l’hémorragie, une mission multinationale conduite par le Kenya est déployée. Mais les moyens manquent : à peine 11 % des fonds promis sont disponibles, et seulement 40 % des effectifs sont sur le terrain. Nairobi menace de se retirer.

Sur le plan humanitaire, l’ONU, l’OIM et quelques ONG distribuent de l’eau, des soins de base, et des abris d’urgence. Mais aucune réforme de fond n’est amorcée. Aucune reconstruction institutionnelle sérieuse n’est enclenchée.

Aujourd’hui, Haïti reste sans direction, sans justice, sans repères. Les rares qui le peuvent fuient. Les autres survivent dans un climat de peur et d’abandon total.

« Cette crise ne peut devenir la norme », alerte le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.


Et pourtant, tout indique le contraire. Quatre ans plus tard, l’impunité règne toujours. Et la République s’effondre, dans un silence de plomb.

RLNEWS – Le journal de la réalité haïtienne

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