Haïti au bord du gouffre : plus de 1 500 morts et 1,3 million de déplacés en trois mois

La terreur s’intensifie en Haïti. Le Bureau intégré des Nations unies (BINUH) alerte sur une flambée de violences entre avril et juin 2025. En trois mois, plus de 1 500 personnes ont été tuées, plus de 600 blessées, et 1,3 million de citoyens ont fui leur foyer. Le pays vit une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent.
Port-au-Prince, le 1er août 2025.—
Les gangs armés continuent d’étendre leur emprise en dehors de Port-au-Prince, notamment dans le Centre et le Bas Artibonite. La capitale reste instable, avec des zones comme Kenscoff toujours sous tension. Malgré un léger ralentissement des violences dans certains quartiers, la situation générale reste catastrophique.
Selon le BINUH, au moins 1 520 personnes ont été tuées et 609 blessées entre le 1er avril et le 30 juin 2025. Les enlèvements se sont poursuivis, avec 185 cas signalés, tandis que 628 personnes ont été victimes de violences sexuelles.
Les groupes criminels sont responsables de près du quart des tués et blessés. Ils utilisent meurtres, viols collectifs, enlèvements et violences sexuelles pour asseoir leur domination. Le rapport mentionne aussi des cas d’esclavage sexuel, de traite d’enfants et de recrutements forcés.
Les opérations des forces de sécurité ont causé 64 % des morts et des blessés recensés. Plus d’un tiers de ces interventions ont été menées avec des drones explosifs. Au moins 15 % des victimes n’étaient pas liées aux gangs, touchées alors qu’elles étaient chez elles ou dans la rue. Quatre policiers ont également perdu la vie.
Les Nations unies dénoncent aussi 73 exécutions sommaires, dont plusieurs seraient imputables à des policiers et au commissaire du gouvernement de Miragoâne.
Par ailleurs, 12 % des victimes ont succombé aux violences de groupes d’autodéfense, dont des membres du mouvement Bwa Kalé, souvent accusés d’exécuter des présumés bandits ou leurs collaborateurs.
Cette flambée de violences a provoqué une hausse massive des déplacements internes. Au 30 juin, plus de 1,3 million de personnes étaient déplacées à travers le pays, dont une majorité d’enfants.
Malgré l’effondrement du système judiciaire, l’ONU poursuit son accompagnement des autorités pour combattre l’impunité. En avril, le gouvernement haïtien a créé deux pôles judiciaires spécialisés, l’un pour les crimes de masse et l’autre pour les crimes financiers. Des assises criminelles ont également été relancées dans plusieurs juridictions.
Les forces de police ont, de leur côté, renforcé les unités spécialisées pour lutter contre les violences sexuelles.
Le rapport appelle l’État haïtien, avec l’appui international, à intensifier la lutte contre les gangs dans le respect des droits humains. Il recommande aussi l’accélération du vetting de la PNH, la mise en place rapide des pôles judiciaires, et surtout, le déploiement effectif de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS). Le contrôle des cargaisons d’armes à destination d’Haïti est également jugé urgent.
RLnews ( RL)