Haïti – Début d’année sous le signe de la terreur : les gangs armés défient l’ordre public

Les premiers jours de 2025 ont été marqués par une recrudescence de la violence des gangs armés en Haïti. À Port-au-Prince, notamment sur la route de l’aéroport et à Delmas, le groupe « Viv Ansanm » dirigé par Jimmy Chérisier, alias « Barbecue », a semé la panique parmi la population.
À Pétion-Ville, la situation s’est particulièrement détériorée dans la localité de Maccaco, zone Tara’s. Plusieurs factions de « Viv Ansanm » se livrent une bataille acharnée pour imposer un nouveau chef de gang à La Boule 12, deux ans après l’élimination de Timakak, un caïd notoire.
Des tensions dans les provinces
Dans le Sud, les autorités locales ont empêché des tentatives de regroupement de plusieurs gangs armés dès le 1er janvier. Par ailleurs, dans l’Artibonite, les groupes criminels, repoussés par les forces de l’ordre haïtiennes et leurs alliés kenyans, cherchent désormais de nouvelles zones où s’implanter.
Escalade de la violence et armes sophistiquées
Dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, des rapports indiquent que les gangs testent de nouvelles armes automatiques, ce qui laisse présager une montée en puissance de leurs capacités offensives. Pendant ce temps, les chefs de gangs affinent leurs stratégies pour étendre leur emprise en 2025.
Alors que l’insécurité s’aggrave, les autorités haïtiennes semblent impuissantes. Le Conseil de Protection et de Transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé se sont contentés de célébrer le 221e anniversaire de l’indépendance d’Haïti dans un cadre restreint à Port-au-Prince, ignorant symboliquement la cité historique des Gonaïves.
Beaucoup reprochent au gouvernement actuel d’être dans la continuité de ceux d’Ariel Henry et de Garry Conille, sans véritable capacité d’action face à l’insécurité galopante.
2025 : une année à haut risque
La nouvelle année s’annonce sous de sombres auspices. Le CPT, loin d’inspirer l’espoir, est perçu comme inefficace par une grande partie de la population. Quant au Premier ministre, un homme d’affaires dont la nomination suscite la méfiance, il est accusé d’être proche d’un secteur privé souvent tenu pour responsable de la crise nationale.
La communauté internationale, malgré son soutien, est critiquée pour l’envoi d’équipements inadaptés aux besoins des forces de l’ordre haïtiennes, qui restent en première ligne face à des gangs mieux équipés et plus organisés.
Entre désespoir et cynisme : “Bon combat” comme nouvel adage
Face à une telle situation, le pessimisme gagne les esprits. La traditionnelle expression « Bonne année » semble désormais obsolète. À sa place, une nouvelle formule cynique prend corps : « Bon combat ». Le Mouvement Point Final a même souhaité « Bon combat » au peuple haïtien, soulignant l’incertitude de l’avenir dans un pays pris en otage par les gangs et dirigé par des autorités en qui la population n’a plus confiance.
L’année 2025 débute sous le signe de la violence et de l’instabilité. La résignation face à l’insécurité laisse place à une lutte pour la survie dans un contexte de terreur omniprésente.
Par Dr Jean chenet Ulyssse
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