Le Parti Fusion des Sociaux-Démocrates Haïtiens (PFSDH) tire la sonnette d’alarme face à ce qu’il considère comme un nouvel épisode de mauvaise gouvernance : le programme gouvernemental de « renforcement des capacités des partis politiques ». Dans une note transmise à la presse, la Fusion juge inacceptable qu’en pleine urgence sécuritaire et humanitaire, plusieurs milliards de gourdes soient détournés au profit d’un projet « sans impact réel sur la vie nationale », alors que le pays ploie sous la violence des gangs et les conséquences de l’ouragan Melissa.
Port-au-Prince, 5 novembre 2025 .—Pour la Fusion, la décision du gouvernement de financer un tel programme relève du mépris envers la population haïtienne. Le pays traverse l’un des épisodes les plus sombres de son histoire récente : territoires contrôlés par des gangs, population déplacée, institutions paralysées, et infrastructures effondrées. Le passage de l’ouragan Melissa a, selon les premiers bilans, causé au moins 25 morts et laissé plus de 1 000 familles sinistrées dans le Sud. Dans ce contexte, le PFSDH estime qu’affecter près de 3 milliards de gourdes à un projet politique « superficiel » est moralement indéfendable et économiquement irresponsable.
« Chaque gourde devrait servir à restaurer la sécurité et à venir en aide aux sinistrés, pas à financer des ateliers politiques pour quelques privilégiés », déplore la Fusion dans son communiqué.
Un programme suspect à l’approche de la fin du mandat du CPT
Le PFSDH relève que cette ligne budgétaire apparaît à quelques mois de la fin du mandat du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), prévu pour février 2026. Une coïncidence jugée suspecte. Le parti social-démocrate y voit une tentative de captation des maigres ressources de l’État dans une logique de rente politique, alors que les institutions peinent à répondre aux besoins urgents du peuple. Des cas récents, tels que l’affaire de la Banque Nationale de Crédit (BNC), rappellent selon la Fusion que la corruption demeure au cœur de l’appareil étatique.
Le communiqué parle même d’un « schéma mafieux », où les fonds publics seraient redirigés vers des “partenaires-capacitant” — des structures complices du pouvoir — au lieu d’être affectés à la reconstruction du pays ou au renforcement institutionnel réel.
La Fusion exige la réaffectation immédiate des fonds publics
Face à ce qu’elle considère comme une dérive grave, la Fusion exige une réorientation immédiate des crédits concernés vers des secteurs prioritaires. Le parti propose notamment :
Le renforcement de la sécurité nationale, par l’équipement et la formation de la Police nationale d’Haïti (PNH), la reprise de contrôle des territoires occupés par les gangs et la sécurisation des grands axes routiers ;
L’aide humanitaire d’urgence, incluant la relocalisation des déplacés, l’assistance aux familles touchées par Melissa, ainsi que la réhabilitation des écoles et hôpitaux endommagés ;
La mise en place des conditions minimales avant toute élection, car aucune élection libre et crédible ne peut être organisée sans stabilité et sans sécurité.
Le parti plaide également pour un financement public des partis politiques transparent, équitable et conforme aux standards démocratiques, plutôt que pour des projets opaques aux relents clientélistes.
“Haïti ne doit pas être sacrifiée aux manœuvres partisanes”
Dans sa note, la Fusion rappelle que les partis politiques ne sont pas des “hospices de formation”, mais des acteurs institutionnels qui ont un rôle structurant dans la démocratie. Leur accompagnement doit donc obéir à des règles claires, encadrées par la loi sur le financement des partis, et non à des arrangements dissimulés.
Le PFSDH appelle les citoyens, la société civile et les formations politiques responsables à se mobiliser pour :
exiger la transparence totale sur le budget alloué aux partis politiques ;
réclamer le gel immédiat des fonds tant que la crise sécuritaire persiste ;
et obtenir la réaffectation des ressources vers des programmes répondant aux besoins réels du peuple haïtien.
« Haïti est à un tournant historique : ou le peuple reprend la main, ou les appétits individuels scellent le destin de l’abandon collectif », conclut la Fusion, réaffirmant son engagement aux côtés de la démocratie, de la sécurité publique et du service à la nation.
Yves MANUEL
RLnews ( RL)
