Haïti : La Fusion tire la sonnette d’alarme sur l’impasse du Conseil présidentiel

Dans un communiqué sans détour, le Parti Fusion des Sociaux-Démocrates Haïtiens (PFSDH) juge inefficace et dangereux le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Il appelle à une large concertation nationale pour éviter un vide politique en 2026.

Le Parti Fusion des Sociaux-Démocrates Haïtiens (FUSION/PFSDH) ne mâche pas ses mots. Dans une déclaration transmise à la presse, la formation politique critique sévèrement le fonctionnement du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) mis en place pour diriger le pays.

« Ayiti pap ka tann 6 fevriye 2026 pou l konstate KPT a p ap ka remèt pouvwa a bay moun ki sòti nan eleksyon, » avertit le parti, qui considère que cette gouvernance à neuf têtes n’a produit que désordre, gaspillage et paralysie.

« Une formule vouée à l’échec »

Dès sa création, la Fusion s’était montrée sceptique. Selon elle, confier la direction du pays à un organe aussi lourd et divisé était une erreur stratégique. Les faits semblent lui donner raison. Loin de rétablir la stabilité, le CPT est selon la Fusion, devenu un champ de bataille entre neuf aspirants présidents. Chacun chercherait à s’arroger les privilèges d’un chef d’État sans légitimité électorale.

« Chak jou se eskonbrit sou eskonbrit, » dénonce le texte, pointant du doigt des dépenses jugées injustifiables, comme les 400 millions de gourdes déboursés pour la célébration du 18 mai. Le décret d’état d’urgence sur l’ensemble du territoire ? « Yon mannyè pou depanse lajan, » tranche la Fusion, accusant les membres du CPT de contourner les lois sur les marchés publics.

Au-delà des querelles internes, c’est l’incapacité du CPT à endiguer l’insécurité qui inquiète le plus. « Chak jou se plis dlo nan je pou viktim yo, » lit-on dans le document. Le parti évoque des territoires entiers sous contrôle de groupes armés et des milliers de déplacés vivant dans des conditions précaires.

Sur le plan international, la gestion des postes diplomatiques est également critiquée. Plusieurs ambassades seraient envahies par des proches des présidents du CPT, provoquant la gêne, voire le refus de délivrance de visas par certains pays partenaires.

Pas d’élections crédibles en 2025, selon la Fusion

Le calendrier électoral annoncé pour novembre 2025 ne convainc pas. Pour la Fusion, il est irréaliste de croire que des élections ou un référendum constitutionnel pourront avoir lieu dans six mois. « Pap gen okenn eleksyon serye nan ane 2025 la, » affirme-t-elle.

Face à ce constat alarmant, le parti appelle à une prise de conscience collective : « Èske n ap tann 6 fevriye 2026 pou nou konprann pap gen eli pou KPT a remèt pouvwa a ? » La crainte d’un vide institutionnel en 2026 pousse la Fusion à exiger des décisions immédiates.

« Tout fòs viv peyi a dwe konpran gravite sitiyasyon an, » insiste le communiqué. La Fusion appelle à dépasser les divisions et à organiser une concertation nationale, avec l’implication des Églises et du secteur universitaire. L’objectif : former un leadership sérieux et inclusif capable de sortir le pays de l’impasse.

À défaut, prévient le parti, c’est encore une fois la communauté internationale – ONU, CARICOM ou OEA – qui viendra imposer une solution, au lieu de venir en soutien à une stratégie nationale visant à reprendre les territoires et rétablir l’ordre.

RLnews ( RL)