La Ligue haïtienne pour la défense des droits humains (LHDDH) révèle une transformation alarmante des gangs en Haïti : de plus en plus de jeunes filles, parfois mineures, sont recrutées et intégrées dans des activités criminelles. Un phénomène qui menace la sécurité nationale et compromet l’avenir d’une génération entière.
La Ligue haïtienne pour la défense des droits humains (LHDDH) a publié un rapport accablant sur l’évolution inquiétante de la violence en Haïti, marquée par l’intégration croissante de jeunes filles dans les groupes armés. Autrefois cantonnées à des rôles logistiques comme la préparation des repas, ces dernières participent désormais activement aux opérations criminelles, sécurisent les bases et, dans certains cas, prennent part directement à des actes de violence, dont l’assassinat de policiers. Cette dynamique traduit une féminisation progressive des gangs et une mutation profonde de leur structure organisationnelle.
Le cas du gang dirigé par Kaporal Ti Lapli à Grand-Ravine illustre parfaitement ce phénomène. La LHDDH y a identifié un groupe structuré de jeunes femmes baptisé « Team Ascenseur », composé d’une vingtaine de recrues chargées de la sécurité interne de la base. Certaines sont postées en hauteur, prêtes à riposter lors d’incursions policières. Selon plusieurs sources, le nom du groupe ferait référence à un esprit maléfique associé au chef de gang.
L’enquête révèle également des méthodes de recrutement particulièrement préoccupantes, ciblant les adolescentes. Des femmes déjà impliquées dans les gangs se rendent dans les boîtes de nuit ou errent dans les rues pour séduire et attirer de nouvelles recrues. Une fois piégées, ces jeunes filles subissent un processus de manipulation psychologique, sont parfois retenues contre leur gré et finissent par être convaincues qu’elles ne peuvent quitter le groupe sans s’exposer à de graves représailles. Ce mécanisme d’endoctrinement crée un véritable enfermement social et psychologique.
Face à ce constat alarmant, la LHDDH appelle la population, et en particulier les jeunes, à une vigilance accrue. Elle recommande d’éviter les trajets avec des inconnus, de limiter les sorties dans les lieux non sécurisés tels que les night-clubs et de se méfier des invitations lancées sur les réseaux sociaux ou les sites de rencontre par des personnes peu connues.
L’organisation adresse également plusieurs recommandations aux autorités haïtiennes, notamment le renforcement des enquêtes sur les mécanismes de recrutement, l’élaboration de stratégies de prévention adaptées et la mise en place de programmes de désengagement et de réinsertion pour les jeunes filles désireuses de quitter les gangs. Elle invite en outre les organisations de la société civile et les partenaires internationaux à soutenir les campagnes de sensibilisation, les initiatives de protection et les programmes de réhabilitation en faveur des adolescentes exposées.
La LHDDH conclut que si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement, Haïti risque de perdre toute une génération de jeunes filles au profit du crime organisé. Elle affirme rester mobilisée et déterminée à poursuivre ses investigations afin de documenter ce phénomène et d’alerter les autorités ainsi que l’opinion publique.
RLnews ( RL)
