Face à l’impasse politique et institutionnelle qui paralyse Haïti depuis plusieurs mois, le Parti Républicain Haïtien (PRHA/Haïti), en alliance avec plusieurs formations politiques, avance une proposition de sortie de crise centrée sur la désignation d’un président provisoire de consensus et la tenue d’une Conférence nationale souveraine (CNS).
Cette initiative, présentée comme une alternative aux mécanismes actuels de transition, vise à « restaurer l’ordre constitutionnel » et à instaurer « une paix durable dans la Première République noire ».
Port-au-Prince, 23 octobre 2025.—Dans son document de proposition, le PRHA/Haïti et ses alliés soulignent la défaillance du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), en place depuis plus de vingt mois, qu’ils jugent incapable de remplir son mandat.
Ils dénoncent une inflation galopante, une injustice sociale croissante, une violence incontrôlée et une déliquescence totale de l’État.
Selon les signataires, il est devenu urgent de repenser la gouvernance en Haïti par le biais d’un nouveau modèle de transition, fondé sur la souveraineté nationale et la participation inclusive de toutes les forces vives : société civile, secteur privé, partis politiques, universités et organisations religieuses.
Un exécutif bicéphale pour la transition
La proposition du PRHA/Haïti prône la création d’un exécutif bicéphale composé d’un Président provisoire — issu de la classe politique et de la matrice étatique — et d’un Gouvernement du Pouvoir de la Transition Politique (GPTP).
Ce gouvernement aurait pour mission d’exécuter une feuille de route consensuelle, élaborée sous la supervision d’une Conférence Nationale Souveraine (CNS).
Le texte précise que cette Conférence aurait pour mandat de :
lancer un Dialogue inter-haïtien inclusif ;
définir les grandes réformes institutionnelles et constitutionnelles ;
assurer le contrôle des organes de la transition ;
et préparer les prochaines élections générales.
Des institutions à réformer en profondeur
Le document liste plusieurs chantiers prioritaires pour la transition :
la formation d’un nouveau Conseil électoral provisoire (CEP) ;
la création d’un Conseil constitutionnel ;
la réforme du système judiciaire ;
la modernisation du Code pénal et du Code de procédure pénale ;
et la révision de la Constitution de 1987, dans le respect des principes démocratiques.
Le PRHA/Haïti propose également la mise en place d’un Plan de sécurité nationale, d’un programme d’apaisement social et d’un Pacte national de gouvernabilité sur 25 ans, destiné à stabiliser durablement les institutions du pays.
Rejet des solutions imposées de l’extérieur
Les signataires critiquent fermement les approches de la CARICOM et de l’Organisation des États Américains (OEA), qu’ils jugent « inadaptées » et « juridiquement contestables ».
Selon eux, les mécanismes proposés — comme le Conseil présidentiel à présidence tournante — ont aggravé la crise plutôt que de la résoudre.
Ils estiment qu’il appartient désormais aux acteurs haïtiens de reprendre la main sur la transition, en établissant un consensus purement national autour d’un président provisoire « intègre, crédible et rassembleur ».
Vers un consensus national pour 2026
Cette proposition de Consensus National pour la Transition Politique (CNTP) se veut un cadre alternatif, à quelques mois de la fin du mandat du CPT, prévue pour le 7 février 2026.
Elle ambitionne d’éviter « un vide institutionnel catastrophique » et de préparer le terrain à un retour durable à la démocratie.
Le PRHA/Haïti appelle enfin les forces vives du pays à s’unir autour d’un projet de refondation nationale, estimant que « seul un dialogue franc et inclusif entre Haïtiens » permettra de reconstruire la République sur des bases solides.
Analyse : entre volonté de rupture et pari sur le consensus
Cette initiative politique s’inscrit dans la longue lignée des accords de transition avortés en Haïti — du Montana à Mornes, en passant par les accords du 21 décembre et du 4 avril 2024.
Mais elle introduit une différence majeure : une volonté affichée de souveraineté nationale et une critique ouverte des influences extérieures.
Reste à savoir si, dans le contexte actuel de violence généralisée et de désinstitutionnalisation profonde, cette nouvelle proposition parviendra à fédérer suffisamment de forces politiques pour éviter un nouveau blocage.
RLNEWS ( RL)
