L’Union européenne durcit le ton face à la crise sécuritaire en Haïti. Ce lundi 15 décembre 2025, Bruxelles a annoncé des sanctions ciblées contre Michel Martelly, Youri Latortue, Rony Célestin et le gang « 5 Segond ». L’UE les accuse d’alimenter la violence armée et de saper la stabilité du pays.
D’abord, le Conseil de l’Union européenne pointe du doigt Michel Martelly et Youri Latortue. Selon Bruxelles, les deux hommes ont armé et financé plusieurs groupes armés. Ils auraient agi pour défendre des intérêts politiques, personnels et économiques.
Ensuite, l’UE dénonce une stratégie claire : utiliser les gangs pour contrôler des zones clés du territoire. Pour Bruxelles, ces pratiques révèlent des liens directs et inquiétants entre acteurs politiques et groupes criminels. Ces alliances nourrissent la violence et affaiblissent davantage les institutions haïtiennes.
Rony Célestin et l’assassinat d’un journaliste
Par ailleurs, l’ancien sénateur Rony Célestin figure aussi sur la liste des sanctionnés. L’Union européenne l’accuse d’implication dans des violences liées aux groupes armés et dans des réseaux de contrebande.
Surtout, Bruxelles le tient pour responsable de l’assassinat du journaliste Néhémie Joseph. Avant sa mort, ce dernier dénonçait publiquement des faits de corruption et des activités illégales attribuées à l’ancien parlementaire. Pour l’UE, ce meurtre illustre l’extrême vulnérabilité des journalistes en Haïti et l’impunité persistante des crimes contre la presse.
Le gang « 5 Segond » dans le viseur
Au-delà des responsables politiques, l’Union européenne cible aussi le gang « 5 Segond ». Implanté à Village-de-Dieu, à Port-au-Prince, ce groupe armé figure parmi les plus violents du pays.
Selon les autorités européennes, il multiplie les crimes : vols, viols, enlèvements, meurtres, extorsions et entraves à l’aide humanitaire. Le gang se livre également au trafic d’armes et de drogue, ainsi qu’à des actes de piraterie. Son chef, Johnson André, alias Izo, apparaît régulièrement dans les rapports internationaux sur le banditisme armé en Haïti.
Des sanctions lourdes et immédiates
Concrètement, les mesures adoptées par l’UE imposent un gel total des avoirs des personnes et entités visées. Toute personne ou organisation basée dans l’Union européenne ne peut plus leur fournir de fonds ou de ressources économiques.
De plus, Bruxelles interdit aux individus sanctionnés de voyager dans l’espace européen. Les textes juridiques ont été publiés au Journal officiel de l’Union européenne, ce qui rend les sanctions immédiatement applicables.
Une liste de sanctionnés qui s’allonge
Avec ces nouvelles décisions, Martelly, Latortue, Célestin et le gang « 5 Segond » rejoignent une liste déjà longue. En juillet 2025, l’UE avait sanctionné plusieurs chefs de gangs, dont Micanor Altès (Wharf Jérémie), Christ-Roi Chéry (Tibwa) et Jeff Larose (Canaan).
Avant cela, en décembre 2024, Bruxelles avait déjà visé Jonel Catel (Terre Noire), Gabriel Jean Pierre (coalition G-Pèp) et Ferdens Tilus (Kokorat San Ras).
Une stratégie européenne assumée pour Haïti
Depuis juillet 2023, l’Union européenne dispose d’un cadre juridique lui permettant d’imposer ses propres sanctions contre les individus et entités qui menacent la paix et la sécurité en Haïti. Ce dispositif complète les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies adoptées en octobre 2022.
En octobre 2024, le Conseil européen avait réaffirmé sa profonde inquiétude face à la situation haïtienne. Il avait alors appelé à renforcer les sanctions pour favoriser le retour de la paix, de la démocratie et de l’État de droit.
Aujourd’hui, Bruxelles assume pleinement cette ligne. L’UE affirme vouloir soutenir Haïti tout en exerçant une pression maximale sur ceux qu’elle considère comme responsables du chaos. Elle rappelle poursuivre son aide à travers des programmes d’assistance macroéconomique, d’éducation, de sécurité alimentaire, de protection civile et de renforcement de la Police nationale d’Haïti.
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