Haïti : trois décennies de missions onusiennes, entre espoir et désillusion

Depuis 1993, Haïti a accueilli une douzaine de missions de l’ONU. De la MICIVIH à la MINUSTAH, jusqu’à la récente Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya, ces interventions ont toujours eu pour objectif la stabilité et la lutte contre les gangs. Mais les résultats restent mitigés, avec une insécurité grandissante et plus de 1,3 million de déplacés internes.
Port-au-Prince, le 1er octobre 2027. – Depuis la première mission en 1993, Haïti est devenu l’un des pays les plus sollicités par les opérations internationales.
- MICIVIH (1993-2000) : mission conjointe ONU-OEA, déployée après le coup d’État de 1991 pour défendre les droits humains et soutenir les institutions.
- MINUH (1993-1996) : première mission de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, chargée d’accompagner le retour de Jean-Bertrand Aristide et de sécuriser le pays.
- UNSIMH (1996-1997) et MITNUH (1997) : missions transitoires pour renforcer la Police nationale et appuyer la sécurité publique.
- MIPONUH (1997-2000) et MICAH (2000) : focalisées sur la professionnalisation de la police haïtienne et le renforcement institutionnel.
- FMP (2004) : déployée après le départ en exil d’Aristide, pour restaurer l’ordre public.
- MINUSTAH (2004-2017) : la mission la plus longue et la plus massive, avec plus de 11 000 soldats. Elle a marqué l’histoire par sa lutte contre l’instabilité, son rôle après le séisme de 2010, mais aussi par des scandales (choléra, abus sexuels, violations des droits humains).
De la MINUSTAH à la MSS : l’insécurité persiste
En 2024, l’ONU a approuvé la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) à la demande du gouvernement haïtien. Dirigée par le Kenya, elle devait déployer 2 500 soldats, mais seulement 1 000, en majorité kenyans, sont arrivés avec neuf mois de retard.
Après 15 mois de mission, le bilan est sombre :
- Les gangs contrôlent davantage de territoires stratégiques, notamment dans l’Artibonite et le Centre.
- Plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées par la violence.
- La Police nationale haïtienne reste débordée malgré l’appui extérieur.
Vers une nouvelle force plus robuste ?
Face à cet échec, les États-Unis et le Panama proposent une nouvelle force internationale. Cette fois, elle compterait 5 500 soldats, incluant des éléments militaires, et aurait un mandat explicite de lutte contre les gangs.
Cette initiative contraste avec la courte durée de la MSS et rappelle l’ampleur de la MINUSTAH, restée 13 ans en Haïti. Mais la question reste entière : ces interventions peuvent-elles réellement pacifier le pays ou ne font-elles que repousser l’inévitable ?
RLNEWS ( RL)