Alors que près de 800 000 identités potentiellement dupliquées entachent depuis des années la crédibilité du système d’identification nationale, l’audit commandé par l’État haïtien à une firme américaine demeure introuvable. Entre silences institutionnels, fonds publics engagés et absence totale de reddition de comptes, un citoyen lance un appel solennel : Haïti peut-elle encore prétendre à des élections crédibles sans vérité sur l’ONI ?
Dans une lettre ouverte transmise à RL News , le citoyen Alex St-Gardien Jecrois, membre de la diaspora haïtienne, interpelle frontalement les responsables politiques, les institutions de contrôle et l’opinion publique.
Sa question est simple, mais lourde de sens : « Tenez-vous encore à ce pays ou acceptez-vous silencieusement son dépècement institutionnel ? »
Selon lui, un mutisme persistant gangrène les autorités, alors même que la nation fait face à une menace directe contre sa souveraineté électorale.
Depuis plusieurs années, des alertes documentées circulent sur l’intégrité du registre national géré par l’Office National d’Identification (ONI).
L’enjeu est majeur : près de 800 000 cartes d’identité seraient potentiellement dupliquées, créant un risque réel de :fraude électorale à grande échelle,manipulation du corps électoral,confiscation de la souveraineté populaire.
Dans tout État responsable, explique Jecrois, la réponse serait évidente : ordonner un audit indépendant, complet et public.
Or, en Haïti, c’est plutôt l’opacité « élevée au rang de méthode de gouvernance » qui domine.
Satori Consulting : un audit payé… mais jamais rendu public
Le dossier se complexifie lorsqu’apparaît le nom de Satori Consulting Firm, entreprise new-yorkaise contractée sous le gouvernement de l’ex-Premier ministre Ariel Henry.
Selon les informations relayées dans la lettre :des fonds publics ont été validés,la Cour supérieure des comptes aurait autorisé ou entériné les paiements,mais aucun rapport officiel issu de cet audit n’a jamais été présenté à la population.
Dès lors, trois questions deviennent incontournables :
L’audit a-t-il réellement été réalisé ?
Si oui, où est le rapport ? Qui l’a reçu ?
Si non, comment justifier le décaissement des fonds publics ?
Pour Alex St-Gardien Jecrois, une clarification s’impose de la part :
du Directeur général de l’ONI,
de l’ex-Premier ministre Ariel Henry,
de la Cour supérieure des comptes,
et des partis politiques qui « prétendent défendre la démocratie » tout en maintenant un silence assourdissant.
Un témoignage direct qui dérange le statu quo
L’auteur affirme ne pas se baser sur des rumeurs, mais sur des faits vécus.
Il dit avoir participé à une réunion officielle à la Primature, dans le cadre des discussions sur la formation du CEP et d’une éventuelle assemblée constitutionnelle.
Lors de cette rencontre, les chiffres présentés par le Directeur de l’ONI auraient révélé une ambiguïté majeure : près de 800 000 identités en double.
Interpellé, le Premier ministre Ariel Henry aurait été directement mis face à ces données.
Depuis, malgré de multiples alertes publiques, Alex St-Gardien Jecrois se heurte à un même mur :
silence administratif,refus d’enquête,
inversion du fardeau de la preuve.
Comme si, ironise-t-il, « le citoyen devait se substituer aux institutions de contrôle ».
Un appel à la responsabilité collective
La lettre ne s’adresse pas uniquement aux pouvoirs en place.
Elle interpelle aussi :les leaders politiques de tous bords,les autorités administratives et judiciaires,les intellectuels, les universitaires, la société civile.
Comment organiser de nouvelles élections quand le registre électoral pourrait être vicié à la racine ?
Comment parler de refondation institutionnelle avec un système d’identification suspecté de faille structurelle ?
Pour l’auteur, le silence équivaut à une complicité morale.
Les exigences pour rétablir la confiance
L’auteur formule cinq demandes précises, qui constituent autant de conditions pour restaurer la transparence :
Publication immédiate du contrat ou mandat signé avec Satori Consulting Firm.
Diffusion intégrale de tout rapport d’audit déjà réalisé.
Ouverture d’une enquête administrative et judiciaire si aucun rapport n’existe.
Audit indépendant incluant des experts haïtiens et de la diaspora.
Création d’un mécanisme permanent de reddition de comptes sur l’identification nationale.
« Haïti ne sortira jamais du chaos tant que fraude, mensonge et impunité guideront la gestion publique », conclut Alex St-Gardien Jecrois.
Son appel, lancé depuis Silver Spring, Maryland, n’est pas une dénonciation de plus : c’est une mise en garde.
Si les institutions ne se ressaisissent pas, c’est l’idée même de souveraineté démocratique qui pourrait s’effondrer.
La question demeure : qui aura enfin le courage d’exiger la vérité ?
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RL News
