Jacmel : le complexe administratif de Monchil, symbole d’un investissement public abandonné

Près de vingt ans après son lancement, le complexe administratif de Monchil, à Jacmel, demeure un chantier fantôme. L’État haïtien, malgré des millions déjà investis, préfère loger ses institutions dans des maisons privées, souvent liées à des acteurs politiques influents.
En 2006, sous la présidence de René Garcia Préval, l’État haïtien avait annoncé avec ambition la construction d’un complexe administratif dans la localité de Monchil, section Bas-Lavoute, commune de Jacmel. L’objectif était clair : regrouper en un seul espace les services publics de la région pour améliorer l’efficacité administrative.
Près de vingt ans plus tard, le constat est amer. Le projet est resté figé au stade de chantier, livré à l’abandon. Aucune relance significative n’a été entreprise pour achever ce bâtiment stratégique, pourtant attendu par la population.
Dans le même temps, la majorité des services de l’État à Jacmel fonctionnent encore dans des maisons privées. Ces locaux sont souvent loués à prix élevé à des notables locaux ou à des proches de figures politiques. Une situation qui interroge : pourquoi l’État tolère-t-il la dégradation d’un investissement public alors qu’il continue de payer des loyers depuis près de deux décennies ?
Des habitants de Monchil dénoncent l’existence de blocages orchestrés par certains acteurs politiques influents. Ces derniers profiteraient du statu quo pour préserver leurs intérêts dans la location de bâtiments privés. Résultat : un projet public vital reste paralysé, tandis que les finances publiques continuent de supporter une charge évitable.
Ce complexe abandonné s’impose aujourd’hui comme un symbole d’inefficacité, de gaspillage et de clientélisme politique dans la gestion des ressources de l’État haïtien.
Leger Mackenson
RLnews ( RL)