Jude Édouard Pierre invite le CNDDR à faire une expérience pilote à Carrefour

Dans un contexte d’insécurité chronique, le maire de Carrefour, Jude Édouard Pierre, appelle le CNDDR à initier une expérience pilote dans sa commune. Il critique l’inaction des autorités centrales et propose une stratégie mêlant sécurité, écoute communautaire et action sociale.
Le maire de Carrefour, Jude Édouard Pierre, a salué ce mercredi 17 avril l’intervention de Claudy Alexis, membre du Comité national de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR), lors de son passage sur Radio Caraïbes. Il a qualifié cette déclaration de « claire, précise et maîtrisée », soulignant l’importance de repositionner le CNDDR au cœur de la lutte contre l’insécurité.
Le maire renouvelle une proposition vieille de trois ans : faire de Carrefour une zone pilote pour une approche intégrée de reconquête territoriale. Il estime que la commune, malgré la présence d’hommes armés, conserve encore un minimum de fonctionnement des services publics : hôpitaux ouverts, écoles actives, résilience de la population.
Mais en l’absence de policiers et de magistrats, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Il suggère que le CNDDR prenne le relais, notamment en assurant le contrôle de la mairie pour éviter toute récupération par des groupes armés.
Une insécurité enracinée et territorialisée
Jude Édouard Pierre déplore que la réponse de l’État se limite encore à des opérations policières brutales, sans stratégie cohérente. Pendant ce temps, policiers et soldats continuent de tomber, notamment à Port-au-Prince, désormais sous la coupe de gangs armés.
Il appelle à dépasser l’approche strictement militaire pour s’attaquer aux causes structurelles de la violence : pauvreté, exclusion sociale, absence de services publics, centralisation du pouvoir, et défaillance du système éducatif.
Un appel à l’État et au CNDDR
Le maire affirme avoir quitté ses fonctions depuis trois mois, refusant de « cohabiter avec les gangs ». Il en appelle au CNDDR pour prendre ses responsabilités, notamment en sécurisant les institutions locales.
Il critique également l’inaction du Conseil présidentiel de transition (CPT), qu’il accuse d’avoir fermé les yeux sur la situation dramatique de Carrefour, alors que la commune est confrontée à la vie chère, à une crise humanitaire et à l’arrivée de la saison cyclonique.
Enfin, Jude Édouard Pierre plaide pour une intervention de l’État à la fois sécuritaire et sociale, en particulier en direction des jeunes enrôlés dans les gangs dès l’âge de 12 ou 13 ans. Seule une approche intégrée, dit-il, permettra de restaurer la paix, la justice et la dignité dans les quartiers affectés.
RLnews ( RL)