Kenscoff : victoire symbolique ou début d’un nouvel ordre sécuritaire ?

Kenscoff : victoire symbolique ou début d’un nouvel ordre sécuritaire ?
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Éditorial – Par Yves Manuel

Dans la nuit du 25 août 2025, entre 1h00 et 4h00 du matin, les unités spécialisées de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité (MMSS) et la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont repris des mains du chef terroriste « Izo2 » le site stratégique des antennes de l’ex Téléco à Obléon, Kenscoff. Une opération rare, mais réussie.

Quand l’État reprend l’initiative

Depuis trop longtemps, les gangs imposent leur loi. Cette fois, la stratégie était claire : frapper fort et frapper juste. Le ratissage méthodique, de porte en porte, a permis de neutraliser des poches de résistance. Des armes lourdes ont été saisies, des cadavres exposés, et des fugitifs arrêtés. On peut critiquer la brutalité des images, mais elles rappellent que l’État peut encore mordre.

Faut-il y voir un simple coup d’éclat ou les prémices d’un nouveau paradigme sécuritaire ?
Si la tendance se confirme, le message est limpide : l’ère de l’impunité des gangs touche à sa fin. Mais il ne suffit pas de reprendre un site stratégique ; il faut désormais le protéger durablement, l’inscrire dans une stratégie globale de reconquête territoriale et de restauration de l’autorité publique.

Une guerre psychologique assumée

Le choix d’exposer les armes saisies et les corps des assaillants n’est pas anodin. Il s’agit d’une guerre psychologique. Montrer que les gangs peuvent être vaincus est une manière de redonner confiance à une population traumatisée et de semer la peur dans les rangs ennemis.
Mais attention : la violence exhibée peut aussi nourrir une spirale macabre, où l’horreur devient spectacle. La victoire militaire doit s’accompagner d’une victoire morale et politique.

La manœuvre des gangs : Viv Ansanm

Pendant ce temps, la coalition criminelle Viv Ansanm prétend initier un « processus » dans plusieurs quartiers populaires. Sérieux ? Difficile à croire. Ces annonces ressemblent moins à un projet qu’à une tentative désespérée de regagner de l’influence.
La vraie question est ailleurs : qui souffle derrière cette coalition ? Les gangs ne survivent jamais seuls. Derrière leurs discours se cachent souvent des intérêts politiques, économiques et même internationaux. Sans couper ces soutiens, les succès sécuritaires resteront fragiles.

Une victoire qui oblige

L’opération de Kenscoff est une lueur dans un paysage longtemps assombri par la terreur. Elle prouve que les forces de l’ordre, quand elles sont coordonnées et déterminées, peuvent reprendre l’avantage. Mais cette victoire oblige :

  • maintenir la continuité des opérations,
  • éviter les zones grises où les gangs pourraient se réorganiser,
  • couper les financements occultes,
  • rétablir une présence étatique durable dans les zones libérées.

Ce 25 août 2025 pourrait marquer le début d’un tournant. Mais l’histoire d’Haïti nous rappelle une vérité amère : chaque victoire contre les gangs est fragile si elle n’est pas suivie d’un projet politique solide.

RLnews ( RL)

rlnewshaiti

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