Le Dialogue national ou le monologue du pouvoir?

J’ai lu sur les réseaux sociaux que le pouvoir en place, conformément aux différents chantiers de sa feuille de route, a choisi l’ancien Premier ministre Enex Jean-Charles pour piloter certains projets, notamment les dossiers relatifs à la réforme constitutionnelle et au dialogue national. Sans vouloir m’étendre sur la réforme constitutionnelle, qui est un secret de polichinelle et dont l’attribution relève de la compétence du pouvoir législatif, mon intérêt porte plutôt sur le “Dialogue National”.

Je tiens à souligner que ce concept, devenu très populaire dans la deuxième moitié du 20e siècle en Amérique Latine, en Europe du Sud, en Europe Centrale, et en Afrique, symbolise un élan de vivre ensemble dans la perspective d’un nouveau paradigme visant à extirper les conjonctures problématiques. Il succède généralement à une reconnaissance et une prise de conscience des différentes dissensions qui constituaient des sources d’irritation et de division parmi les groupes sociaux et les acteurs politiques d’une société. Le dialogue national peut prendre différentes formes et orientations en fonction de la nature des différends. En Amérique Latine et en Europe du Sud, il repose sur des négociations entre les élites opposées au régime et les élites au pouvoir. Dans de nombreux pays africains, ce sont les élites au pouvoir qui font des concessions et des compromis en acceptant d’ouvrir le pouvoir à un plus grand nombre. Toutefois, la similitude de ces différentes approches réside dans la conjonction et l’inclusion.

À cet égard, l’idée de dialogue national projetée à partir de l’architecture du CPT et du gouvernement Conille est une perception destinée à la consommation internationale. Comment peut-on parler de dialogue national lorsque les parties non prenantes du CPT et de la Primature sont carrément mises à l’écart par les décideurs politiques, tant dans la formation du gouvernement que dans celle du CEP? Comment peut-on prétendre instaurer un dialogue avec une approche aussi exclusive?

Enfin, faut-il préciser que les acteurs au pouvoir ont, dans une grande amnésie, confondu Dialogue et Monologue.

Phélito DORAN,
Ancien Député,
Ancien Ministre