Dans une conférence organisée avec la diaspora par le Dr Theodore Fayette, il y a quelques mois, plusieurs autorités officielles étaient présentes. Parmi elles, le président du CEP, M. Frantz St‑Hilaire – qui a démissionné un mois plus tard – ainsi que le directeur général de l’ONI, M. Reynold Guerrier.
Ce jour‑là, de nombreuses questions pertinentes ont été posées, notamment sur l’existence d’environ 800 000 cartes d’identification en double dans le système de l’ONI, ainsi que sur le contrat confié à la firme Satori Consulting, basée à New York, chargée de réaliser un audit indépendant qui n’a jamais été exécuté. Lors de ses interventions, M. Reynold Guerrier a lui‑même reconnu que la firme Satori Consulting avait commencé à se préparer pour venir réaliser cet audit. Selon ses explications, ce processus aurait été interrompu à la suite d’une alerte des autorités américaines déconseillant aux citoyens de voyager en Haïti, ce qui aurait empêché la mission de Satori de se déployer sur le terrain.
Comment se fait‑il qu’aujourd’hui le directeur de l’ONI cherche à faire croire à la population qu’il ne s’agissait que de « fausses rumeurs » ? Pourquoi ces contradictions, ces non‑dits, ces déclarations changeantes ? Pourquoi tant de cachotteries autour d’un système qui devrait être le cœur de la confiance électorale ?
Peut‑on faire confiance à un CEP et à un ONI qui refusent d’assumer publiquement la question des 800 000 doublons, qui n’expliquent pas l’inexécution d’un audit déjà financé, et qui se limitent à des discours rassurants sans preuves ni chiffres détaillés ? Pourquoi veut‑on avancer vers des élections sur la base d’un système manifestement fragile, non audité et contesté par de nombreux citoyens ? Quel est l’agenda réel du gouvernement haïtien, qui privilégie le calendrier électoral mais évite la transparence sur l’identification nationale ?
Où sont les partis politiques, la société civile, les universitaires, les médias ? Pourquoi ce silence assourdissant, alors que le fichier électoral et la carte d’identité conditionnent la souveraineté du vote haïtien ? Ceux qui se taisent face à un système vicié, ceux qui participent sans exiger un audit indépendant, acceptent‑ils de devenir complices d’un processus qui risque de fabriquer une nouvelle crise de légitimité ?
En tant que citoyen et ingénieur engagé, je refuse ce jeu de dupes. J’exige:
– La publication immédiate du contrat d’audit confié à Satori (ou toute autre firme) et des raisons documentées de sa non‑exécution.
– La communication officielle, chiffrée et vérifiable sur le nombre de doublons détectés et les mesures prises pour les corriger.
– Un audit électoral et technique réellement indépendant de la base de données de l’ONI et du registre du CEP, avant toute élection.
Sans vérité sur l’identification, il n’y aura ni élections crédibles, ni paix durable, ni confiance entre le peuple haïtien et ses institutions.
Ing. Alex St‑Gardien Jecrois
RL News
