Me André Michel : Voltaire, voici votre bilan !

Me André Michel : Voltaire, voici votre bilan !
Spread the love

Le 19 avril 2024, alors qu’il s’apprêtait, avec ses huit autres collègues, à prendre les rênes du pouvoir, Lesly Voltaire déclarait sur une station de radio de la capitale :

« Le poisson pourrit par la tête, Ariel Henry n’avait pas la volonté politique pour résoudre le problème de l’insécurité et redresser l’État. Nous allons le faire. »


Cette déclaration, qui se voulait une promesse de rupture, s’est aujourd’hui transformée en épitaphe politique, gravée à jamais sur la tombe de son échec.

Un bilan accablant : l’échec du CPT

Cinq mois après son accession à la tête du Conseil présidentiel de transition (CPT), la faillite du régime Voltaire est totale. Les derniers rapports des Nations Unies sont sans appel :

Plus de 5 600 personnes assassinées par des gangs armés ;

Plus de 1 045 000 déplacés internes en raison de la violence généralisée.


La situation sécuritaire et humanitaire s’est détériorée de manière exponentielle au cours des dix derniers mois. Ce constat ne relève pas de la subjectivité, mais des faits.

Le CPT avait pour mission principale de rétablir la sécurité et d’organiser des élections générales. Pourtant, aucun progrès significatif n’a été accompli sur ces deux fronts.

Le Conseil national de sécurité, prévu par le décret du 12 avril 2024 et l’accord du 3 avril, n’a jamais été mis en place. Une promesse vide, une supercherie politique de plus à une époque où l’information circule en temps réel sur les réseaux sociaux.

Une diplomatie d’apparat et d’improvisation

L’un des moments les plus révélateurs de la présidence Voltaire reste son voyage en Europe, véritable exercice d’improvisation marqué par une diplomatie superficielle et insignifiante.

Rencontre avec le Pape François : une photo pour l’album familial, mais aucun impact concret pour Haïti.

Visite à Paris : avant de rencontrer Emmanuel Macron, Voltaire s’est entretenu avec Jean-Luc Mélenchon, qui n’occupe pourtant aucune fonction officielle. À tel point que l’homme politique français n’a même pas jugé utile de mentionner la réunion sur ses réseaux sociaux.

Audience avec Macron : un flou total. L’Élysée n’a même pas organisé de conférence de presse conjointe, contrairement à la coutume diplomatique lorsqu’un chef d’État est reçu en audience.


Ce déplacement, plutôt qu’un succès diplomatique, s’est révélé être une humiliation supplémentaire pour le peuple haïtien.

Un territoire abandonné aux gangs

Sous la présidence Voltaire, l’État haïtien a perdu le contrôle de nombreux quartiers stratégiques :

Solino, Kenscoff, Lalue, Carrefour-Feuilles, Nazon, Bas-Delmas : zones désormais aux mains des gangs.

Champ de Mars : devenu un îlot en danger, incapable d’accueillir un Conseil des ministres.

L’aéroport international de Port-au-Prince : réduit à une coquille vide, sans perspective de reprise des vols internationaux à court terme.


La situation sécuritaire a atteint un niveau catastrophique, au point que, pour la première fois de l’histoire de la République, la cérémonie du 2 janvier 2025 (Jour des Aïeux) a dû être déplacée.

Pire encore, les massacres se sont multipliés, notamment :

Warf Jérémie : plus de 200 personnes âgées assassinées.

Kenscoff : un bébé jeté dans un brasier, une mère morte de chagrin.

Delmas 30 : une femme hurlant de désespoir devant le corps sans vie de son fils transporté dans une brouette.


Corruption, gabegie et détournement de fonds

Sous Lesly Voltaire, l’État haïtien a connu une confiscation totale des ressources publiques au profit de l’élite du CPT.

Quelques dépenses extravagantes sous son administration :

3,5 millions de dollars pour la visite du président Petro.

1,5 milliard de gourdes pour les fêtes de fin d’année.

3 millions de dollars pour le carnaval.

5 millions de dollars pour l’acquisition d’un terrain militaire, en réalité surfacturé.


Pendant que ces dépenses démesurées se multipliaient, rien n’a été investi dans l’équipement des forces de l’ordre. Pas même un couteau, contrairement à l’administration précédente.

L’obsession du CPT pour le renseignement s’est traduite par des décaissements mensuels exorbitants, dont le véritable usage demeure un mystère.

Par ailleurs, le clientélisme et le népotisme ont atteint des sommets. Vente de postes, nominations monnayées, récompenses sous forme de privilèges… L’administration publique et la diplomatie ont été jetées en pâture à des intérêts particuliers.

Port-au-Prince : ville la plus dangereuse du monde

Depuis février 2025, Port-au-Prince détient un triste record : celui de ville la plus dangereuse au monde, alors qu’elle n’était que 22ᵉ lors du dernier classement international.

Pendant ce temps, Lesly Voltaire s’est illustré par des décisions aussi absurdes qu’irresponsables. En témoigne son voyage avorté en Guadeloupe, mal planifié, dont l’un des objectifs annoncés était… la visite d’un centre commercial !

L’ironie du sort a voulu que, lui qui se vantait d’avoir pu débloquer « au moins une route », assiste impuissant, dans la nuit du 3 au 4 mars, à la coupure de la route menant à Jacmel via Seguin, prise par les gangs.

Le CPT : un naufrage historique

Le Conseil présidentiel de transition aura exacerbé la crise haïtienne au lieu d’y remédier. Il aura :

Accéléré l’effondrement de l’État.

Encouragé la corruption à une échelle inédite depuis 1986.

Multiplié les ratages sécuritaires et diplomatiques.

Dépensé des millions sans impact sur le bien-être de la population.


Même les dernières opérations militaires avec des drones tueurs ont laissé la population sur sa faim. Elles incarnent l’amateurisme et l’incompétence d’une administration incapable de planifier des interventions efficaces.

Nous restons convaincus que la lutte contre les gangs ne peut passer ni par le dialogue ni par la négociation. L’État doit reprendre le contrôle, et vite.

M. Voltaire, voici, de manière non exhaustive, le bilan de votre échec.

Me André  Michel

RLnews

rlnewshaiti

Leave a Reply