Éditorial par RLNEWS
L’initiative du maire de Miami, Francis Suarez, de transformer sa ville en pôle d’attraction pour le programme EB-5, ne saurait passer inaperçue. Elle illustre, avec une clarté dérangeante, la fracture morale de la politique migratoire américaine en pleine ère Trump.
Alors que l’administration fédérale multiplie les mesures répressives pour fermer la porte aux plus vulnérables – réfugiés, demandeurs d’asile, familles sans ressources –, Miami déroule un tapis rouge à ceux qui possèdent un million de dollars à investir. Une carte de résidence, des emplois à créer, et le rêve américain devient accessible… à condition de pouvoir l’acheter.
Ce choix n’est pas anodin. Francis Suarez, figure républicaine et latino-américaine, veut capitaliser sur le dynamisme de Miami et son rôle de carrefour entre l’Amérique latine et les États-Unis. En pleine célébration du Mois du patrimoine hispanique, il envoie un signal : la ville reste ouverte, mais uniquement aux investisseurs capables de transformer leurs capitaux en visas.
Cette stratégie, habile sur le plan économique, révèle une vérité amère : aux États-Unis, l’immigration n’est pas interdite pour tout le monde, seulement pour ceux qui n’ont pas les moyens financiers de négocier leur place. Les pauvres sont stigmatisés, criminalisés, expulsés. Les riches, eux, deviennent des « partenaires » célébrés.
L’initiative de Miami expose donc une Amérique à deux vitesses : celle qui refuse les plus fragiles au nom de la souveraineté, et celle qui accueille les plus fortunés au nom de la croissance. Une contradiction flagrante qui interroge la sincérité d’un pays qui prétend défendre des valeurs d’égalité et d’opportunité.
Au fond, ce que révèle ce projet, c’est que le rêve américain n’est plus une promesse universelle. Il est devenu un produit de luxe, réservé à ceux qui peuvent payer son prix d’entrée.
« À Miami, le rêve américain n’est plus une promesse, c’est une transaction : il ne s’offre plus, il s’achète. »
RLnews ( RL)
