A Haitian migrant leaves a makeshift camp in the Braulio Mendoza Park to move to the Terraza Fandango shelter, in Ciudad Acuna, Coahuila state, Mexico, on September 24, 2021. - President Joe Biden on Friday described violent scenes where US border guards on horseback confronted destitute Haitian migrants crossing from Mexico "outrageous" and promised "consequences." (Photo by PEDRO PARDO / AFP)
En 2024, 64 % des migrants haïtiens vers le Mexique ont été victimes de violences ou d’abus. Un rapport du HCR met en lumière les risques accrus pour les Haïtiens en quête de protection.
Haïti, le 18 juin 2025. – Les migrants haïtiens continuent de faire face à de graves risques en empruntant les routes migratoires vers le Mexique. Un nouveau rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), publié mardi, révèle qu’en 2024, 64 % des migrants haïtiens interrogés ont subi des abus ou violences au cours de leur trajet. Cette proportion place Haïti parmi les pays dont les ressortissants sont les plus vulnérables en mobilité forcée.
Le rapport intitulé « Tendances et défis des déplacements forcés au Mexique » indique que 58 % de l’ensemble des migrants interrogés ont été victimes d’un incident de sécurité avant leur arrivée au Mexique. Parmi ces abus, les plus fréquents sont les vols (36 %), l’extorsion (20 %) et les menaces physiques ou l’intimidation (13 %).
Selon le HCR, ces chiffres marquent une hausse par rapport à 2023, signe d’une dégradation des conditions de sécurité sur les routes migratoires, notamment celles empruntées par les Haïtiens traversant l’Amérique centrale.
Des milliers de cas recensés
Le gouvernement mexicain a enregistré plus de 1,2 million d’incidents impliquant des migrants en situation irrégulière en 2024. Ce chiffre illustre l’ampleur de la crise migratoire, mais aussi les défis pour les institutions mexicaines en matière de protection et d’assistance humanitaire.
Parmi les migrants ayant déjà franchi la frontière, 40 % ont subi un incident de sécurité sur le sol mexicain, un taux qui grimpe à 64 % dans le nord du pays. Toutefois, cela représente une baisse par rapport à 2023, où ce chiffre atteignait 56 %. Vols (19 %), extorsions, enlèvements et fraudes figurent parmi les principaux abus recensés.
Le manque de documents officiels reste une cause majeure de vulnérabilité. En 2024, 83 % des personnes interrogées, dont de nombreux Haïtiens, ne disposaient d’aucun papier délivré par les autorités mexicaines, les forçant à emprunter des routes plus dangereuses pour éviter les contrôles.
Haïti : entre violence et désespoir économique
Les raisons du départ sont éloquentes. Plus de la moitié (53 %) des migrants déclarent avoir fui leur pays d’origine en raison de violences, menaces ou intimidations. Pour 43 %, c’est la peur généralisée face à l’insécurité, et pour 37 %, le manque d’emploi et de revenus suffisants.
Dans le cas d’Haïti, frappé par une crise multidimensionnelle, la dégradation du climat sécuritaire, l’effondrement économique et l’instabilité politique poussent chaque année des milliers de citoyens à tenter la traversée vers le Mexique, parfois au péril de leur vie.
Mexique : un pays d’accueil pour les Haïtiens ?
En 2024, le Mexique est devenu la destination de prédilection pour 41 % des migrants interrogés, contre 26 % l’année précédente. Les Haïtiens arrivent en deuxième position parmi ceux qui souhaitent s’y installer définitivement, avec un taux de 64 %, juste derrière les Cubains (83 %).
Parmi ces migrants, un sur trois est un enfant ou un adolescent, et 20 % voyagent dans des familles monoparentales, souvent dirigées par des femmes. Cette dynamique illustre l’ampleur des déplacements forcés familiaux et les risques auxquels sont exposées des communautés entières.
Menée auprès de 14 000 migrants dans tout le Mexique, cette enquête du HCR montre que la route migratoire reste semée d’embûches pour les Haïtiens. Alors que les dangers augmentent, le besoin de protection, d’assistance et de régularisation se fait plus pressant.
RLnews ( RL)
