Mirebalais en flammes, l’État en déroute : où est passé le CSPN ?

Alors que les gangs multiplient les assauts contre les postes de police dans le département du Centre, le silence du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) scandalise. À Mirebalais comme à Saut-d’Eau, les commissariats sont détruits un à un, sans aucune riposte des autorités. Ce mutisme inquiétant alimente les soupçons de complicité, d’abandon et d’incompétence au sommet de l’appareil sécuritaire haïtien.
Une attaque d’une rare violence, filmée et diffusée par les assaillants eux-mêmes, sans qu’aucune intervention policière ne vienne perturber leur opération. Le poste de police a été littéralement anéanti, dans une ambiance de chaos absolu. Une fois de plus, la République a été prise de vitesse, humiliée, abandonnée.
Quelques jours plus tôt, c’est à Saut-d’Eau que les bandits avaient frappé. Deux commissariats détruits en moins d’une semaine, dans le même département, sans la moindre riposte. Ce n’est plus un accident de parcours, c’est un effondrement méthodique de l’autorité de l’État dans le Centre. Et au cœur de cette inertie révoltante : le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN), dont le mutisme devient de plus en plus assourdissant.
Comment expliquer qu’aucune mesure d’urgence n’ait été prise ? Où sont passées les unités spécialisées annoncées par la PNH il y a plus de quatre jours ? Où est le matériel promis ? À Mirebalais, pendant que le commissariat brûlait, les camions des bandits circulaient librement dans les rues, remplis de marchandises volées, sous le regard impuissant – ou complice – des forces de l’ordre.
Ce qui se joue ici dépasse la simple défaillance opérationnelle. Il s’agit d’une faillite institutionnelle, d’une trahison silencieuse des devoirs régaliens. Le CSPN, instance suprême de coordination de la sécurité nationale, semble absent, désarticulé, voire résigné. Or, chaque minute d’inaction renforce l’implantation des gangs, élargit leur territoire et affaiblit davantage l’autorité de l’État.
À force de laisser faire, le pouvoir envoie un signal clair : les criminels peuvent agir sans crainte. Cette complaisance tue, cette passivité complice ruine ce qui reste de la confiance publique.
Il est temps d’appeler les choses par leur nom : le pays ne peut plus être dirigé à coups de communiqués d’intention. Il faut des actes, des résultats, et surtout des responsables. Le CSPN doit répondre. Le directeur général de la PNH, Rameau Normil, doit s’expliquer. Les autorités du Centre doivent être entendues. Et si elles sont incapables d’agir, alors elles doivent céder la place.
Haïti ne peut plus se permettre d’être un territoire sans commandement, livré à la loi des armes. Ce qui s’est passé à Mirebalais et à Saut-d’Eau est une honte nationale. Et tant que les coupables – directs ou indirects – de cette inaction ne seront pas sanctionnés, c’est l’avenir même de l’État haïtien qui restera en suspens.
RLnews ( RL)