Modernisation des douanes : Un contrat à 10 ans pour Evergreen , progrès ou piège financier ?

Modernisation des douanes : Un contrat à 10 ans pour Evergreen , progrès ou piège financier ?
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L’État haïtien avance à pas discrets mais déterminés vers la signature d’un contrat de dix ans avec Evergreen Trading System Limited, pour la modernisation des services douaniers et frontaliers. Un projet qui, sur le papier, promet des retombées majeures en termes d’efficacité, de transparence et de lutte contre la contrebande. Mais à y regarder de plus près, il soulève des interrogations légitimes sur la souveraineté financière et le contrôle des recettes publiques.

Le montage financier prévoit que l’État n’assume directement que 14,5 millions de dollars, destinés à la mobilisation initiale. Le gros de l’investissement sera privé. En retour, Evergreen percevra pendant dix ans deux types de redevances : une commission sur la performance, prélevée sur l’augmentation des recettes douanières (20 % durant les trois premières années, 15 % ensuite), et une taxe fixe de 3 % sur l’ensemble des importations, quelles que soient les performances. À la fin du contrat, les installations reviendront à l’État.

À première vue, l’affaire semble équilibrée : un apport technologique et financier privé contre une modernisation urgente de nos frontières. Mais en réalité, il s’agit d’un pacte à long terme engageant des recettes vitales de l’État et donc la capacité même du pays à financer ses services publics.

Les questions fusent :

  • Qui a évalué le rapport coûts-bénéfices de ce contrat ?
  • Quels garde-fous garantissent que l’État ne se retrouvera pas pieds et poings liés face à une firme étrangère qui capte une part structurelle des revenus douaniers ?
  • La rémunération fixe de 3 % sur toutes les importations ne risque-t-elle pas d’éroder durablement la marge de manœuvre budgétaire du pays ?

La modernisation des douanes est une nécessité absolue pour endiguer la corruption et renforcer les recettes de l’État. Mais moderniser ne doit pas signifier hypothéquer l’avenir budgétaire de la nation. Les parlementaires, la société civile et les corps de contrôle doivent se saisir du dossier pour exiger une transparence totale.

Un contrat de dix ans n’est pas une simple formalité technique : c’est un choix politique majeur qui engage le futur fiscal et économique du pays. L’État haïtien ne peut se permettre d’entrer dans une relation de dépendance sans avoir pesé, avec rigueur et patriotisme, les avantages et les risques.

La vigilance citoyenne est donc de mise : moderniser oui, brader non.

RLnews ( RL )

Source : LE Nouvelliste

rlnewshaiti

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