Nouvelle Constitution : un écran de fumée face à la vraie urgence d’Haïti, selon un parti politique

Le parti politique Haïti par la foi pour l’alternance démocratique émet de vives réserves quant à la pertinence d’une nouvelle constitution dans le contexte actuel. Dans une déclaration transmise à la presse, ses responsables dénoncent une initiative imposée de l’extérieur, déconnectée des urgences économiques et sociales du pays.
Le parti Haïti par la foi pour l’alternance démocratique n’y va pas par quatre chemins : une nouvelle constitution ne doit pas être un paravent pour détourner l’attention du véritable problème haïtien — la faillite économique. Pour les membres de cette formation politique, toute réforme constitutionnelle, dictée par des forces étrangères et soutenue par une élite nationale peu concernée par la transformation sociale, n’est qu’une énième mascarade.
« Si cette initiative n’est pas précédée par un engagement ferme à démocratiser la gestion administrative et à changer les mentalités, elle ne sera qu’une répétition des pratiques manipulatrices du passé », préviennent-ils.
Selon le parti, la Constitution de 1987, votée massivement par la population, est encore valable. Son application, et non sa réécriture, devrait être la priorité. Ils dénoncent au passage l’absence de protestation internationale face aux nombreuses violations de cette constitution au fil des ans.
Une priorité mal placée
Alors que le pays s’enfonce dans une crise multidimensionnelle, les dirigeants du parti estiment que mettre une réforme constitutionnelle au centre du débat est une fuite en avant.
« Après 221 ans de dépendance déguisée et de changements de textes imposés, aucun de ces efforts n’a résolu les vrais problèmes du pays », rappellent-ils.
À leurs yeux, c’est l’économie qui doit primer. Une économie en ruine qui prive la jeunesse d’avenir et empêche le pays de se redresser. Ils interpellent donc les élites sur leur responsabilité historique.
« Ce dont Haïti a besoin, ce n’est pas une nouvelle constitution, mais une proposition économique forte, porteuse de justice sociale, de dignité et de souveraineté réelle », martèlent-ils.
Le constat est sévère : depuis 1986, les élites haïtiennes ont montré leur incompétence à sortir le pays du chaos. À défaut de tirer des leçons, elles reproduisent les mêmes erreurs.
Pour les membres du parti, seule l’émergence d’une nouvelle génération, ancrée dans l’économie productive, l’agriculture, et la construction d’institutions solides, peut offrir une alternative crédible.
« Il faut du courage politique. Sans cela, il n’y a ni loyauté envers le peuple, ni respect de notre héritage », insistent-ils.
Une exclusion régionale révélatrice
Dans leur communiqué, les responsables du parti soulignent également un fait troublant : Haïti a été écartée des récents projets d’investissements régionaux dans les Caraïbes.
« Comment peut-on parler de souveraineté et de développement si le pays est systématiquement exclu des grandes initiatives régionales ? »
Cette marginalisation est perçue comme la conséquence directe de l’instabilité chronique, souvent alimentée par des acteurs internes et externes. Pour le parti, une nouvelle constitution, sans levée préalable des blocages économiques, ne serait qu’un outil de diversion.
Dans une prise de position assumée, Haïti par la foi pour l’alternance démocratique ne rejette pas catégoriquement l’idée d’une nouvelle constitution. Mais elle ne peut, selon lui, être considérée comme la priorité nationale.
« Nous refusons de fuir nos responsabilités. Mais nous disons avec clarté : la base du développement est économique, pas constitutionnelle. »
Et de conclure que sans actions concrètes, même modestes, dans la bonne direction, Haïti restera prisonnière d’un éternel recommencement.
RLnews ( RL)