Éditorial par Yves Manuel
Depuis trop longtemps, la gestion de l’aide en Haïti a été synonyme d’opacité, de clientélisme et de frustrations. Le programme initié par l’Office national de la migration (ONM), qui remet à chaque famille déplacée un chèque de 100 000 gourdes, semble rompre avec cette logique. À l’approche de la rentrée scolaire, cette assistance, certes modeste mais vitale, représente une bouffée d’air pour des ménages pris dans l’étau de la précarité.
L’initiative dirigée par Jean Négot Bonheur Delva se distingue par une organisation encadrée et une transparence saluée. Le recours à la Direction générale de la protection civile, à la Police communautaire et aux Forces armées d’Haïti pour sécuriser et superviser le processus n’est pas anodin : il traduit la volonté d’éviter les dérives qui ont trop souvent discrédité les programmes d’assistance. Les observateurs de la société civile et des droits humains, présents sur le terrain, en témoignent.
Certes, des irrégularités ont été détectées, notamment lors des phases d’enregistrement. Mais, et c’est là un signe encourageant, elles n’ont pas été étouffées : les corrections apportées ont renforcé la confiance des bénéficiaires, qui voient dans cette démarche un gage de sérieux. Le témoignage d’une femme anonyme, affirmant que « ce sont les véritables victimes qui bénéficient réellement de cet accompagnement », illustre bien cette perception.
Le 8 septembre, au lycée Anténor Firmin, comme auparavant à la Faculté de linguistique appliquée ou dans d’autres établissements publics de la capitale, l’ONM a démontré que l’État haïtien peut agir autrement : avec méthode, rigueur et sens du devoir. Ce n’est peut-être qu’un premier pas, mais il ouvre une brèche dans le mur de la défiance qui sépare trop souvent la population de ses institutions.
Dans un pays où la misère et l’insécurité alimentent le désespoir, chaque geste de bonne gouvernance vaut plus qu’un simple chèque : il incarne l’espoir d’un État qui assume enfin sa responsabilité envers ses citoyens. L’heure est venue de transformer cet élan en culture politique durable.
RLnews ( RL)
