Renald Lubérice dénonce une complicité de l’État avec les monopoles économiques

Renald Lubérice dénonce une complicité de l’État avec les monopoles économiques
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Port-au-Prince, 2 mai 2025 – L’ancien secrétaire général du Palais national et entrepreneur Renald Lubérice monte au créneau pour critiquer vigoureusement une récente mesure du ministère de l’Économie et des Finances qu’il qualifie de “trahison silencieuse des intérêts collectifs au profit d’un petit groupe d’oligarques”.

Dans une tribune intitulée “Quand l’État se fait complice des monopoles”, Lubérice revient sur la circulaire n°001 publiée le 25 mars 2025 par le ministre Alfred Metellus, interdisant l’importation de marchandises par voie terrestre via la République Dominicaine. Officiellement motivée par des raisons de sécurité nationale, cette décision soulève, selon lui, de graves interrogations quant à ses véritables objectifs.

Pour Lubérice, cette circulaire n’est rien de moins qu’un “acte de guerre contre les petits commerçants” et la classe moyenne haïtienne, qui, face aux difficultés du système portuaire traditionnel, avait trouvé dans les voies terrestres une alternative pour faire vivre leurs entreprises. Il accuse le gouvernement de céder à la pression d’un petit cercle de puissants importateurs maritimes, déterminés à éliminer toute forme de concurrence.

“Ces jeunes entrepreneurs, souvent issus de milieux modestes, ont été bloqués par des pratiques portuaires discriminatoires : surtaxes, retards, pressions informelles… Face à cela, ils ont innové, contourné les obstacles en empruntant la voie terrestre. Mais leur résilience est perçue comme une menace”, écrit-il.

Une justification sécuritaire contestée

Renald Lubérice ne conteste pas l’existence du problème sécuritaire, notamment le racket des camions sur les routes nationales, mais remet en cause l’argumentation du ministre Metellus. Selon lui, “les ports sont tout aussi infiltrés” par les réseaux criminels, et c’est là que se joue la partie la plus critique de la sécurité nationale.

“Les armes arrivent souvent par la mer, parfois dissimulées dans des cargaisons légales avec la complicité passive ou active de certains douaniers”, rappelle-t-il, soulignant que l’État échoue à contrôler ses infrastructures clés.

Des solutions ignorées au profit du désordre organisé

Dans sa tribune, Lubérice propose trois mesures concrètes pour faire face à l’insécurité et restaurer l’autorité de l’État : la sécurisation des routes à l’aide de drones et de blindés, l’installation de scanners performants aux frontières, et la mise en place de postes militaires fixes dans les zones sensibles.

Mais il se montre pessimiste quant à leur application. “Ces solutions sont connues, réalistes, mais elles heurtent les intérêts des puissants qui profitent du désordre. Ce n’est pas par ignorance qu’on prend de mauvaises décisions, mais par fidélité à un ordre économique injuste”, conclut-il.

Une prise de position politique assumée

En s’exprimant ainsi, Renald Lubérice prend clairement ses distances avec les orientations actuelles du gouvernement. Il accuse l’administration de légitimer, sous couvert de sécurité, un système de rente économique qui exclut les plus vulnérables. “Dans cette guerre, le ministre Metellus n’est pas neutre. Il a choisi son camp”, tranche-t-il.

Cette sortie de l’ancien haut fonctionnaire relance le débat sur la gestion des échanges commerciaux en Haïti et sur le rôle de l’État dans la régulation économique. Un débat qui, à en croire Lubérice, ne peut plus être évité si l’on veut bâtir une économie plus équitable et inclusive.

RLnews ( RL)

rlnewshaiti

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