Ces dernières semaines, la HMI fournit une preuve supplémentaire de la vision tunnel et de la petitesse d’esprit qui lui servent de fidèle caracterisque. Ce qui sert de marché à cette industrie est depuis quelques jours, à l’image des rues embouteillées des zones urbaines d’Ayiti. Plus d’une demie douzaine d’album sont publiée entre la fin du mois d’Octobre et la première quinzaine de Novembre.
Le comble, c’est qu’il est question d’artistes haïtiens évoluant dans des registres quasi similaires telques: Rutshelle Guillaume, Vanessa Désiré, El Won, Teddy Ashtag, Pierre Jean Watson G, Toby Anbakè. Ces derniers ont décidé, sous l’impulsion d’on ne sait quel génie ivre, de lancer leurs projets respectifs presque au même moment. Si cette effervescence peut témoigner d’une certaine vitalité artistique, elle révèle surtout une myopie commerciale certaine qui se traduit par une absolue absence de vision stratégique dans le timing des sorties, ce qui va nuire directement à la consommation, à la visibilité et à la rentabilité.
Dans un marché restreint comme celui d’Haïti, où le pouvoir d’achat est limité et l’accès au numérique encore inégal, sortir plusieurs albums ou singles au même moment revient à se tirer collectivement une balle dans le pied. Le public ne peut pas tout écouter, acheter ou promouvoir en même temps. Résultat : les projets vont se noyer dans un flot trop dense pour être digéré.
À l’opposé, l’industrie musicale américaine évite soigneusement ce type de collisions. Les majors organisent les plannings de sorties avec précision, en fonction des saisons, des événements médiatiques ou des habitudes de consommation. On évite qu’un artiste majeur sorte un projet en même temps qu’un autre du même label ou du même créneau. C’est une question de part de marché, de stratégie marketing et de survie commerciale.
Dans quel foutu univers parallèle cette HMI fonctionne t-eĺle?
En Haïti, il y a une absence de coordination qui trahit un manque criant de structuration. Beaucoup d’artistes agissent de façon isolée, guidés par l’urgence ou l’émotion, sans consulter de stratèges ou analyser les tendances du marché. Le marketing reste souvent minimal, localisé, et dépendant du bouche-à-oreille ou de la présence sur quelques radios.
Dans un tel contexte, seuls les artistes qui disposent d’un accès à un marché international, d’un réseau de distribution numérique efficace, et d’une stratégie promotionnelle multicanal, réussiront à tirer leur épingle du jeu. Les autres risquent de voir leur travail s’éteindre dans l’indifférence. Rutschelle Guillaume sur cette base celle qui fête ses douze ans de carrière est partie pour tout broyer sur son passage. Ce n’est pas juste, la rebelle aurait dû laisser les minus se battre entre eux.
Kensley “Negr’Orangé” Marcel
