Une jeunesse debout pour écrire sa place dans la Constitution

Une jeunesse debout pour écrire sa place dans la Constitution
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Par Yves Manuel

Dans un pays à la croisée des chemins, où la refondation politique est souvent évoquée mais rarement incarnée, des voix s’élèvent enfin pour revendiquer un changement de cap. Ce samedi 5 juillet, le “Mouvman Jenès EDE” a initié un dialogue crucial autour de l’avant-projet de la nouvelle Constitution d’Haïti. Une causerie critique, certes, mais surtout un moment fort de lucidité citoyenne, où la jeunesse haïtienne a posé une question fondamentale : quelle place réelle lui réserve-t-on dans l’architecture de demain ?

Loin des discours creux ou des slogans électoralistes, ces jeunes, issus de divers milieux universitaires et associatifs, ont pris à bras-le-corps un texte encore en gestation. Leur analyse est claire, documentée, exigeante. Ils dénoncent l’absence d’une reconnaissance substantielle du rôle de la jeunesse dans la reconstruction nationale. Pire, ils constatent que la mention de la jeunesse dans le projet constitutionnel ne dépasse pas la symbolique. Elle reste cantonnée aux marges, alors que ce sont justement ces jeunes qui devront porter les charges et les espoirs de la nation dans les années à venir.

La profondeur de leurs propositions mérite d’être saluée. Elles ne relèvent pas d’un caprice générationnel, mais d’un désir légitime de participer à la vie publique, à la décision collective, à la transformation des institutions. Exiger un quota de jeunes dans les organes de gouvernance, créer un Conseil national autonome de la jeunesse, inscrire des mécanismes constitutionnels permettant aux moins de 35 ans de contribuer activement à la vie politique : voilà des pistes sérieuses, démocratiques, viables.

Il est grand temps que ceux qui rédigent la nouvelle Constitution comprennent une chose : on ne pourra pas refonder Haïti sans inclure ceux et celles qui sont appelés à l’habiter demain. On ne bâtit pas l’avenir avec les seules recettes du passé. La jeunesse haïtienne ne demande pas la charité politique, elle réclame son droit : celui de participer à la conception d’un État plus juste, plus représentatif, plus ouvert à l’innovation sociale.

En annonçant l’envoi d’un rapport de synthèse aux autorités en charge du processus constitutionnel, le Mouvman Jenès EDE franchit une étape supplémentaire. Il ne s’agit pas simplement de contester : il s’agit d’influencer, de proposer, d’agir. Cette initiative mérite non seulement d’être entendue, mais d’être intégrée comme un jalon incontournable dans les discussions constitutionnelles à venir.

Les générations passées ont trop souvent confondu jeunesse et décor. Aujourd’hui, la jeunesse veut être moteur. Écouter cette revendication, c’est faire preuve de lucidité politique. L’ignorer, c’est prendre le risque de rédiger une Constitution déjà dépassée avant même son adoption.

RLnews ( RL)

rlnewshaiti

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