ÉDITORIAL —Par RL News
Ce lundi 17 novembre, un simple communiqué de la compagnie Sunrise a suffi pour rappeler une vérité que l’État refuse encore de regarder en face : en Haïti, les groupes armés fixent désormais le tempo du pays. L’annulation de la reprise des vols Port-au-Prince–Jérémie, sous la menace directe du groupe criminel Viv Ansanm, confirme une réalité glaçante : la République n’exerce plus son autorité sur son propre ciel.
La direction de Sunrise l’a admis sans détour : la compagnie ne peut pas garantir la sécurité de ses passagers.Traduction : l’État haïtien ne peut pas garantir la sécurité de son propre territoire.
Après des mois d’interruption, la réouverture de la liaison devait redonner un souffle à toute une région. Elle devait reconnecter la Grand’Anse, désenclaver Jérémie, relancer les activités économiques, soulager les familles séparées par la peur et par les routes transformées en couloirs de prédation. Ce vol représentait un espoir simple : vivre, travailler, circuler.Cet espoir s’est écrasé avant même le décollage.
Le pouvoir d’État vacille : la Grand’Anse paie le prix
La vérité est brutale : lorsque des gangs peuvent empêcher un avion de décoller, ce n’est plus une simple crise sécuritaire. C’est un effondrement institutionnel.
Les autorités promettent, surveillent, communiquent… mais sur le terrain, la réalité ne change pas. Les groupes armés contrôlent les routes, multiplient les menaces, paralysent la vie économique, dictent les mouvements des avions, et imposent leur loi à une population abandonnée.
À Jérémie comme ailleurs, on attend que l’État agisse. Mais combien de temps encore l’État laissera-t-il une région entière suffoquer dans l’isolement ?
Le devoir de l’État : protéger ou se retirer
Face à ce énième épisode, une vérité s’impose à ceux qui dirigent :
un État qui ne protège pas cesse d’être un État. Un État qui laisse les gangs décider du sort d’une population entière avoue son incapacité à gouverner.
L’heure n’est plus aux diagnostics, encore moins aux promesses creuses. L’heure est à l’action, la vraie.
Sécuriser l’aéroport. Neutraliser les corridors criminels. Rendre le territoire à la République.
Sinon, chaque annonce de reprise de vol deviendra un mauvais théâtre où l’État s’excuse de sa propre absence.
La Grand’Anse attend. Le pays aussi.
Ce qui arrive à Jérémie aujourd’hui arrivera à d’autres demain si l’État ne reprend pas l’initiative. Ce vol annulé n’est pas un incident isolé. C’est un avertissement national.
Un État qui ne protège rien, ne garantit rien.Un État qui ne garantit rien, ne gouverne plus.
Le temps presse. Le pays attend des actes, pas des communiqués. Des décisions, pas des rétrospectives.
La population de la Grand’Anse, elle, n’a plus le luxe d’attendre. Elle veut circuler, travailler, vivre. Tout simplement vivre.
RL News
