En six années de création, d’émotions et d’impact culturel, Dener Céide et Réginald Cangé ont transcendé le simple mot « Zafèm » pour en faire un phénomène musical, social, spirituel — presque sacré. Une charge mystique, une esthétique enracinée et une connexion émotionnelle avec le peuple qu’aucun des « propriétaires » initiaux du nom n’a jamais su, ni pu construire, en une décennie d’utilisation.
Maintenant, ils viennent réclamer quoi d’autre que les cinq innocentes lettres formant ce mot ? Comprennent-ils seulement la moitié de ce que ce simple mot est devenu ? Damballah Wèdo et Apollon, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !
Pas question d’adopter une autre appellation à la tonalité faiblarde, comme le suggèrent certains. « Afèm » ne sera jamais ZAFÈM. On ne modifie pas une idée déjà imprimée dans le cosmos. On ne corrige pas ce qui est écrit dans les annales akashiques.
ZAFÈM, aujourd’hui, n’est plus un mot. C’est un mythe en marche, une œuvre d’art collective portée par deux génies qui ont su, là où d’autres ont échoué, faire naître l’universel à partir du local.
Lorsqu’en 2019, Dener Céide s’associe à la voix intense de Réginald Cangé pour lancer le projet ZAFÈM, peu imaginaient que ce dernier, comme une entité descendue du troisième ciel, allait s’imposer dans le vécu collectif. Et pourtant, six ans plus tard, le mot « Zafèm » ne renvoie plus simplement à un label ou à un groupe musical : il évoque une atmosphère, un langage émotionnel, un canal d’expression de l’Ayiti profonde.
Ce que Céide et Cangé ont apporté dépasse le cadre de la musique. Leur vision a insufflé à ZAFÈM une charge mystique : chaque chanson devient rite, chaque concert, une cérémonie. Ils ont su fusionner les rythmes du terroir avec une écriture à haute densité poétique, une esthétique traditionnelle — tant dans les sonorités que dans les visuels — rappelant l’oraliture paysanne. C’est le Graal !
Sur le plan social, ZAFÈM — et non Zafèm Band — est une voix pour les désabusés, un espace de mémoire pour une jeunesse sans repères, un exutoire émotionnel pour ceux que les systèmes ont trahis. Là où les propriétaires juridiques du nom voyaient une simple marque commerciale, Céide et Cangé ont investi ZAFÈM d’un contenu hautement alchimique.
La tentative de reprendre ce nom par voie légale soulève donc deux questions fondamentales :
Un nom appartient-il à celui qui l’enregistre ou à celui qui le fait vivre, vibrer ?
Ces propriétaires sauraient-ils assumer la puissance égrégorique dont le nom est désormais chargé ? Pas sûr qu’ils comprennent de quoi il est question. Sinon, ils n’auraient pas laissé les détracteurs de ZAFÈM instrumentaliser ainsi le dossier.
Négr’Orangé
