Haïti : Un plan de relogement pour 10 000 déplacés, entre espoir et doutes

Le gouvernement haïtien a annoncé un ambitieux plan visant à reloger 10 000 déplacés internes, en partenariat avec le Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) et l’Office National de la Migration (ONM). Présenté comme un geste de solidarité à l’occasion de la Journée internationale des migrants, ce projet soulève autant d’espoir que de questions.
Le chiffre avancé impressionne, mais il ne représente qu’une infime fraction des besoins réels. En Haïti, des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions précaires, notamment dans des camps de fortune. Reloger 10 000 d’entre elles ne suffit pas à endiguer la crise des déplacés internes, un problème chronique aggravé par les crises politiques, les catastrophes naturelles et l’absence d’infrastructures adéquates.
Le gouvernement n’a pas encore précisé les ressources financières et logistiques nécessaires à la réalisation de ce projet. Dans un contexte économique fragile, la faisabilité du plan reste une interrogation majeure. Quels mécanismes garantiront la qualité des logements et leur durabilité ?
Les précédents projets similaires, souvent freinés par des dysfonctionnements administratifs et financiers, renforcent le scepticisme autour de cette initiative.
Reloger 10 000 déplacés est une solution temporaire, loin de traiter les causes profondes de la crise : insécurité, instabilité politique et vulnérabilité face aux aléas climatiques. Le véritable défi consiste à mettre en place des politiques structurelles pour prévenir ces déplacements massifs, tout en renforçant la résilience des communautés touchées.
Solidarité ou coup de communication ?
L’annonce coïncidant avec la Journée internationale des migrants, certains y voient une opération de communication destinée à redorer l’image du gouvernement, tant sur le plan national qu’international. Sans transparence ni plan clair, cette initiative risque d’être perçue comme une stratégie pour attirer des financements étrangers, avec peu d’impact réel pour les déplacés.
Des inquiétudes sur la gestion des fonds
L’ONM, partenaire clé de ce projet, traîne une réputation entachée par des controverses sur la gestion des ressources. Le manque de clarté sur les mécanismes de financement alimente les doutes quant à l’utilisation des fonds. Dans un pays où la corruption reste un défi majeur, cette initiative pourrait, comme d’autres, être détournée de son objectif initial.
Le plan de relogement pour 10 000 déplacés reflète une volonté affichée d’agir face à une crise humanitaire majeure. Cependant, sans garanties de transparence ni solutions durables, il est légitime de se demander si cette démarche servira réellement les déplacés ou si elle profitera davantage à ceux qui la pilotent.
La réponse à cette question dépendra de la capacité du gouvernement à allier action concrète et gestion rigoureuse, dans un contexte où chaque projet est scruté avec méfiance par la population et les partenaires internationaux.
Agoudou Joel
RLnews